Driss El Azami est, sans conteste, le plus populaire de tous les ministres du gouvernement Benkirane. Depuis peu. Précisément, depuis que le gouvernement a décidé une coupe dans le budget d'investissement au titre de l'année 2013. Une popularité à la hauteur de cette mesure impopulaire, très critiquée tant par la classe politique que par les économistes. Il faut dire qu'amputer les investissements de 15 Mds de DH est loin d'être anodin : c'est le quart des investissements initialement prévus en 2013 qui passe à la trappe. Et c'est Driss El Azami qui est envoyé au front pour jouer au sapeur-pompier. Malgré ses multiples séances d'explication au Parlement, devant le Patronat, dans la presse et même devant les ambassadeurs de plusieurs pays accrédités au Maroc, il n'arrive guère à convaincre. Quoi qu'il s'acquitte de cette tâche avec beaucoup de dévouement et d'abnégation, faisant fi des diatribes acerbes. Cette nouvelle mesure, comme bien d'autres prises sous l'ère Benkirane, est légitimée par la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les finances publiques. De plus en plus, le gouvernement semble incapable de trouver la bonne formule pour stopper le creusement du déficit budgétaire. Pourtant, il a tout essayé... ou presque, mettant à contribution tant les entreprises que les salariés. Le gel des investissements est l'ultime trouvaille de l'équipe gouvernementale. Mais la pilule passe mal. Et ce sentiment d'impuissance manifeste, face à des finances publiques qui reposent sur un socle bien précaire, fait l'affaire de l'opposition. Elle se gausse de voir que la majorité semble tâtonner pour apporter une réponse à une problématique qui tend à devenir structurelle. Aujourd'hui, beaucoup d'observateurs appréhendent les impacts négatifs réels de cette mesure sur l'économie nationale. L'avenir nous le dira, quand bien même le gouvernement se veut rassurant à ce sujet. Ce qui est en revanche sûr, c'est qu'on se rend compte, avec le recul, que le fameux discours sur la résilience de l'économie marocaine est définitivement corrompu. Le Royaume subit de plein fouet les dommages collatéraux de la crise économique internationale. Pendant longtemps, les politiques, en premier lieu ceux qui se veulent actuellement très bruyants au sein de l'opposition, ont sciemment minimisé l'impact de cette crise sur l'économie nationale. En dehors des frontières marocaines, c'est ce que les observateurs reprochent en ce moment au président français François Hollande. En tout cas, Benkirane et son équipe doivent toujours garder à l'esprit que si cette crise qui perdure (dont le remède «magique» et décrié a été l'austérité à tout va) a fait beaucoup de victimes au sein de la population européenne en particulier, elle a tout autant causé la perte de beaucoup de gouvernements. Gare à la sanction des urnes !