Avec un chiffre d'affaires en croissance de 19,5%, Maroc Telecom poursuit sa forte croissance. C'est essentiellement l'activité au Maroc qui sert de locomotive, notamment avec le mobile. On croyait les jeux faits pour Maroc Telecom du fait de la concurrence qui s'est accentuée en 2007 avec l'arrivée de Wana et le début de l'exploitation des nouvelles licences Méditel. Le chiffre d'affaires de ce premier semestre vient prouver le contraire. Non seulement le géant se renforce au Maroc, mais sa stratégie à l'international se montre payante. La filiale de Vivendi Universal vient de publier un chiffre d'affaires de 13 milliards de DH réalisé durant le premier semestre 2007, soit une progression de 19,5%. Cette progression s'explique d'abord par une excellente tenue des activités au Maroc, notamment avec le mobile et l'Internet, même si le fixe continue d'apporter une contribution toujours en retrait. Cette année, Gabon Telecom et l'Onatel du Burkina Faso ont rejoint le groupe Maroc Telecom. L'opérateur gabonais fait désormais partie du périmètre de consolidation, rejoignant Mauritel de Mauritanie. Gabon Telecom réalise un chiffre d'affaires de 453 millions de DH, qui s'ajoutent aux 585 millions de DH générés par la filiale Mauritel. Cette entreprise enregistre ainsi une croissance de 27,3% de ses ventes. De son côté, l'Onatel a enregistré un chiffre d'affaires de 738 millions de DH, soit une hausse de 17,3%. Avec de tels chiffres, il est clair que ces filiales, dont les taille sont relativement petites par rapport au géant Maroc Telecom, contribueront très fortement à la croissance du groupe, qui a tendance à s'atténuer au Maroc. Le royaume, il faut le reconnaître, est devenu très concurrentiel. Cependant, les chiffres du premier semestre montrent que le leader garde ses concurrents en respect. L'ensemble des activités a généré un chiffre d'affaires de 12,6 milliards de DH, soit une progression de 8,3%. C'est encore une fois le mobile qui sert de moteur de croissance au Maroc grâce aux 7,9 milliards de DH dégagés à la suite d'une croissance de 17,1% par rapport au premier semestre de l'année écoulée. Le mobile est boosté par le nombre de clients, qui a atteint 11,7 millions, en hausse de 31,3%. C'est donc une excellente nouvelle pour les investisseurs qui craignaient que le changement du nouvel environnement concurrentiel n'entrave la forte croissance qui faisait leur bonheur jusqu'ici. De toute évidence, Maroc Telecom tire son épingle du jeu grâce notamment à la poursuite de la croissance de la téléphonie mobile d'une manière générale au Maroc. A ce niveau, les chiffres de Méditel confirment cette bonne santé, il annonce aussi une augmentation d'1 million de clients depuis le début de l'année, avec 6 millions de clients. En revanche, c'est au niveau du fixe qu'il y a lieu de s'inquiéter. En effet, à 4,7 milliards de DH, le chiffre d'affaires du fixe et d'Internet est en baisse de 3,9%. Pourtant, le nombre d'abonnés est en hausse, aussi bien pour le fixe que pour l'Internet. Ce sont 1,28 million de lignes actives que compte la téléphonie fixe, en hausse de 14.000 lignes, alors que pour l'ADSL, les abonnés atteignent 438.000, soit une augmentation de 54.000 par rapport au 30 juin 2006. C'est dire que l'amélioration du nombre de clients s'est faite grâce à de multiples réductions de prix et d'offres promotionnelles. L'effet de l'internet La question se pose néanmoins de savoir si Maroc Telecom sera en mesure de garder ces clients gagnés à coups de réductions, en essayant d'améliorer sa rentabilité dans ces deux services. Rien n'est moins sûr, dans la mesure où Meditel et Wana se font agressifs sur ce segment, où des produits de substitution pour le fixe sont offerts. Wana, avec sa téléphonie à mobilité réduite, à cheval entre le fixe et le mobile, compte grignoter à ses deux concurrents quelques clients dans les deux services. La croissance de l'Internet devrait aussi souffrir dans les mois à venir de l'intensification des offres de la concurrence. Wana et Meditel offrent de l'Internet à bas et à très haut débit, qui a l'avantage d'être mobile, et c'est sur ce segment que la concurrence se jouera. Mais toujours est-il qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, dans la mesure où la rentabilité du géant des télécoms ne souffre pas de la concurrence. La contribution des filiales continuera de progresser, mais à un rythme moins rapide que la rentabilité du groupe désormais de dimension continentale. Maroc Telecom continue d'être l'une des filiales de Vivendi les plus rentables. Les analystes de la BMCE Capital mettent en garde contre la précipitation dans cette stratégie de croissance externe en Afrique. Les entreprises africaines peuvent réserver de mauvaises surprises. Maroc Telecom en a eu un avant-goût avec des révélations surprenantes ces dernières semaines. Les dettes financières de Gabon Telecom, estimées à 68,8 milliards de francs CFA, s'élevaient finalement à 70,2 milliards. De même, les dettes fournisseurs s'élèvent à 221 Mds contre 142 Mds annoncés au moment de la privatisation. Maroc Telecom a également été informé qu'un recours introduit par un groupe de sept salariés de Libertis (filiale mobile de Gabon Telecom) demandait l'annulation de la privatisation de Gabon Télécom et de Libertis. La Cour constitutionnelle gabonaise a pris, en date du 24 juillet 2007, une mesure conservatoire ayant un effet suspensif sur les actes de cession. D'après Maroc Telecom, cette mesure a été annulée le même jour par la présidence de la Cour constitutionnelle.C'est dire que la recherche de la croissance externe à tout prix peut avoir des conséquences regrettables. De plus, pour que les filiales africaines s'alignent sur la rentabilité du groupe, des efforts de mise à niveau sont sans doute nécessaires. L'expérience de Maroc Telecom devra donc servir sur le continent où la concurrence commence aussi à s'intensifier.