Avec la vente aux enchères du Biladi intervenue ce lundi, les banquiers marocains voient s'envoler une garantie significative de leurs créances. Les compagnies maritimes leur doivent plus de 2 milliards de dirhams et le risque de faillite est on ne peut plus grand. C ette semaine, ce que redoutaient les banques est arrivé : la vente aux enchères publiques du Biladi, navire appartenant à Comarit, pour la somme d'un million d'euros, alors que la mise à prix a été beaucoup plus importante. La somme servira prioritairement à rembourser les salariés et les créanciers européens. Les banques marocaines qui en avaient financé l'acquisition, seront laissées au bord du quai. Et, il ne s'agit que d'un début, puisque d'autres navires sont concernés et d'autres compagnies également. «Actuellement, le secteur bancaire est traumatisé par la série de faillites qu'a subies le secteur du transport maritime», se désole ce responsable au sein de la division engagement d'une grande banque de la place. Et il y a de quoi, puisque les banquiers marocains risquent d'y perdre près de 2 milliards de dirhams si la faillite des sociétés Comarit-Comanav-Ferry est avérée. En tout cas techniquement, un arrêt de l'activité est bien avéré, même si juridiquement, la société est toujours en activité. En effet, en février dernier, la Comarit a obtenu du tribunal de Tanger sa mise en redressement judiciaire. Mais cela fait bien plus d'un an que les navires de la flotte Comarit-Comanav n'ont pas pris la mer. Les ferries étaient immobilisés en raison des créances vis-à-vis des partenaires européens qui seraient de l'ordre de 22 millions d'euros, majoritairement liées à des factures de carburant, mais aussi aux passages en arrêt technique de certains ferries au chantier Navantia de Cadiz en Espagne. Le Biladi, vient d'être vendu aux enchères à 1 millions d'euros, et le Marrakech et le Bni Nsar ont été bloqués à Sète, avec des marins à bord. Le sort des deux derniers navires reste incertain. Il faut rappeler que le 21 février dernier, le tribunal de commerce de Tanger avait accepté la demande de redressement judiciaire adressée par la Comarit en juillet. Le redressement judiciaire, en accord avec la législation marocaine, aurait dû permettre une protection de la compagnie durant les quatre prochains mois et la levée des saisies sur les ferries, période à l'issue de laquelle l'armateur devra présenter un business plan viable. Mais visiblement, les choses sont en train de se précipiter et il n'est pas sûr que la société retrouve ses navires. Dans ce cas, les banquiers n'auront que leurs yeux pour pleurer. A côté de Comarit-Comanav Ferry, IMTC, l'autre acteur de référence dont les navires battent pavillon marocain, pourrait également être menacé. Le sort du Rif est suspendu à la décision de la justice, mais également au bon vouloir d'un créancier italien, en l'occurrence la société Grandi Navi Veloci (GNV) et enfin, au conflit social larvé qui sévit depuis plusieurs semaines. IMTC était agent commercial pour le compte de GNV, à qui elle devait plus de 3 millions d'euros. L'armateur italien s'était d'ailleurs vu doté d'une autorisation de desserte du Maroc en remplacement de la Comarit-Comanav entre Sète et le port de Tanger Med pour la saison dernière.