Dans tous les temps et dans les moments de crises, notamment – politiques, économiques, diplomatiques, sanitaires ou sociales, les fausses informations foisonnent de partout. Chacun cherche à faire véhiculer des « fake news » pour servir ses intérêts, à même de créer des altérations soit entre pays, entreprises ou individus. Ces fallacieuses informations sont employées comme une arme psychologique contre les populations adverses, via des médias de masse interposés qui facilitent la fluidité de ces fausses nouvelles. Une belle illustration est celle des « fake news », véhiculés en pleine pandémie de Covid-19, à différentes échelles : entre laboratoires pharmaceutiques, pays ou même à l'intérieur d'un Etat. Un tel phénomène se vit également, de manière brutale, lors des périodes de campagnes électorales où chaque parti politique essaie de ternir l'image de ses concurrents. Une telle situation est devenue monnaie courante, depuis la multiplication des publications et des échanges dans les plateformes et espaces numériques, ainsi que les réseaux sociaux, dont les Etats, journalistes ou simples citoyens témoignent presque malgré eux ! D'où l'impératif intérêt d'évaluer la pertinence et la fiabilité de toute information, avant même de prendre une quelconque décision. Ne point croire, mécaniquement, ce que l'on écoute, ce qu'on lit, ni ce que l'on voit … à défaut de fabrication Réseaux sociaux et plateformes électroniques de partage constituent le terrain propice pour placer de fausses informations – qu'il s'agisse d'un partage de textes, d'images, de vidéos ou de liens en ligne – les faire circuler imminemment, pour toucher des millions de personnes en quelques minutes, à effet d'un buzz, ni moins ni plus. La quasi-totalité des individus et des populations, toutes nationalités confondues, n'ont pas le réflexe de vérifier les sources d'informations, pour s'enquérir de leur véracité. Lire aussi| Le parti espagnol d'extrême droite Vox réclame la fermeture totale des frontières avec le Maroc Ceux-ci se contentent, sans le moindre effort, de lire, de regarder et d'écouter, sans pour autant s'assurer de la fiabilité de l'information et partant partager illico presto. Pour la plupart d'entre eux, ils croient au fameux proverbe « il n'y a pas de fumée sans feu », négligeant le fait que les théories du complot remontent à des lustres ! Comme diraient les personnes averties, la propagande a mauvaise réputation. Qu'elle soit blanche, grise ou noire, il s'agit d'un endoctrinement, d'une intoxication ou encore d'un empoisonnement. Source de l'information déclarée, déterminée, dissimulée ou fabriquée, l'objectif – s'il ne cherche pas à tromper – aurait pour objectif, comme expliqué par l'éminent professeur et président de l'institut français d'analyse stratégique, Monsieur François Géré, « d'influencer l'état d'esprit et les modes de pensée d'une audience déterminée dans un but d'adhésion ou de bienveillance à l'égard de la thèse que l'émetteur cherche à défendre ». Des Etats facilement bluffés A l'heure du numérique, des médias et des réseaux sociaux, ce n'est plus l'individu qui gobe tout ce qu'il reçoit et/ou voit comme information mais la chose est bien plus grave : certains pays sont carrément induits en erreur tandis que d'autres profitent de l'ignorance d'autres Etats pour les manipuler, en toute impunité ! Il est des temps où même un Etat, tellement empressé d'agir face à certaines situations à portée stratégique, ne prend plus le temps de s'enquérir des faits réels. Celui-ci croit en ses politiciens, ses journalistes et/ou en ses hommes du renseignement qui – totalement malformés et parfois corrompus et/ou non éthiques – dénaturent, falsifient ou montent carrément, de toutes pièces, des scènes et/ou des images ! Lire aussi| Gunter Pauli, promoteur de «l'Economie Bleue» et auteur du livre «Modèle Maroc» : «Il faut mobiliser et non immobiliser !» Pourtant, les conséquences peuvent s'avérer très graves et altérer des relations bilatérales, portant fortement nuisance à des intérêts économiques réciproques entre pays amis. A l'exemple d'un Tebboune qui arrive à manipuler le parti politique espagnol, actuellement au pouvoir, en l'impliquant dans une pure affaire criminelle transnationale. Et cela ne s'arrête pas là : il le convainc de provoquer un litige maroco-espagnol. Alors que l'Espagne est depuis plusieurs années, le partenaire commercial privilégié du Royaume, avec une balance commerciale de 12 milliards d'euros, dépassant du quart celle avec la France. A vrai dire, il s'agit d'une simple crise spasmodique qui ressurgit cycliquement, à chaque changement de pouvoir à Madrid, mais à la grande différence qu'aujourd'hui, le Royaume est devenu une réelle puissance régionale émergente. « L'hostilité médiatique espagnole à l'égard du Maroc, à base de fakes news, ne peut occulter la véritable source de la crise, qui est l'accueil par Madrid, sous une fausse identité du chef des milices séparatistes du Polisario » avait déclaré, en date du 20 mai 2021, M. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger. Apprendre à se prémunir contre la désinformation et la manipulation Au XXIème siècle, de plus en plus d'Etats tentent de manipuler l'information en dehors de leurs frontières et dont l'incidence peut s'avérer dramatique sur la politique mondiale, y compris des relations internationales, soient-elles bilatérales ou multilatérales. Malgré ces forts impacts, rares sont les pays qui en tirent leçon et qui mettent les moyens pour éviter d'être victime et/ou complice d'actions d'intoxication ou de propagande mais font implicitement la sourde oreille, fait gravissime pour les Etats qui se respectent. Pourtant, cette action devrait s'inscrire à partir des écoles primaires, en commençant par sensibiliser aux méfaits de la propagande, de la désinformation et aux fausses nouvelles. Lire aussi| Après une vaccination ou une infection, voici votre degré de protection face à la covid-19 Aussi, est-il fort important de rappeler que même les juridictions devraient veiller à mettre en place un corpus juridique, à l'échelle planétaire, qui puisse, du moins, contrer de telles manœuvres, car en Droit international, rien ne le permet, compte tenu qu'aucune instance internationale, à date, n'a été habilitée pour réceptionner des requêtes en pareille matière. Ainsi, faut-il le rappeler, bon nombre de pays sont pris au piège, après que leur soient injectées des doses de « fake news ». Ceux-ci, manipulés et trompés et voir même – assez souvent – détournés contre leurs propres intérêts, sans s'en rendre compte en temps opportun. Il en ressort aussi que la hiérarchie de l'information est totalement bouleversée, plaçant les pays dans des environnements souvent politisés et relevant de milieux complotistes, ce qui entache leur image de marque et partant les discréditer. Une guerre mondiale par/contre/pour l'information est enclenchée dans un objectif de domination, à travers des pratiques d'intelligence économique et stratégique, purement offensives. Pour cela, les Etats, particulièrement africains, devraient redoubler leur vigilance pour éviter de faire l'objet d'éventuelles manipulations, allant parfois même leur causer d'énormes préjudices ! Après bientôt 22 ans de règne, Sa Majesté le Roi Mohammed VI que Dieu L'assiste, grâce à sa vision éclairée, est considéré comme l'exemple à suivre par tous les pays en matière de bonne gouvernance. En effet, l'Auguste Souverain, dans un esprit de parfaite sagesse, n'a jamais été engrené dans des opérations de désinformation, privilégiant ainsi un cadre de paix et de bon voisinage dans ses relations, y compris avec toutes les religions monothéistes ; d'où le large mérite de se voir attribué un prix Nobel de la paix. Mehdi Hijaouy est expert en sécurité, défense, stratégie et intelligence économique Fondateur du Washington Strategic Intelligence Center Executive MBA en « Stratégie d'Influence, Négociation et Guerre Psychologique » – EGE1, Paris Executive MBA en « Management des Risques, Sûreté Internationale et Cybersécurité » – EGE, Paris 1 Ecole de Guerre Economique Lire aussi| Covid-19 : un hybride des variants anglais et indien découvert au Vietnam Tribune et Débats La tribune qui vous parle d'une actu, d'un sujet qui fait débat, les traite et les analyse. Economistes et autres experts, patrons d'entreprises, décideurs, acteurs de la société civile, s'y prononcent et contribuent à sa grande richesse. Vous avez votre opinion, convergente ou différente. Exprimez-la et mesurez-vous ainsi à nos tribuns et débatteurs. Envoyez vos analyses à : [email protected], en précisant votre nom, votre prénom et votre métier.