Les intempéries sont loin d'expliquer, à elles seules, la baisse de la consommation du ciment. Où se situe alors le problème? Là est toute la question. Les professionnels du ciment ne savent plus à quel saint se vouer entre une demande constante sur les logements et une baisse de la consommation. PAR A. Darif Alaoui Les cimentiers sont loin d'afficher le sourire des grands jours. Et pour cause, ce début d'année 2013 s'annonce morose, très morose. Après une baisse de plus de 25% de la consommation du ciment en janvier, le secteur récidive en affichant une chute de 18,4% à fin février. Les cimentiers ont réussi à écouler à peine 2,3 millions de tonnes sur le marché à fin février 2013, contre près de 3 millions de tonnes à fin février 2012. Loin d'être un phénomène régional, la baisse concerne toutes les régions. Dans celle du Grand Casablanca par exemple, la baisse enregistrée est de 24%, alors que c'est la région qui concentre le plus de demandes en logements. Le Nord, de loin la région la plus pluvieuse du pays, a accusé une baisse de 25% alors que les projets foisonnent. Au niveau des régions excentrées comme Marrakech-Tensift-El Haouz et l'Oriental, les baisses sont moins importantes et se situent respectivement à 5,3% et à 10%. Dichotomie entre offre et demande Selon une source proche de l'Association professionnelle des cimentiers du Maroc, cette baisse s'explique par deux raisons principales: les intempéries et la baisse de régime constatée depuis le second semestre 2012 dans le secteur immobilier, l'autoconstruction et les programmes sociaux. « Il y a une baisse de régime dans le secteur immobilier. La signature de plusieurs conventions pour la création de 500.000 logements a certes été faite, mais il n'y a pas encore un début de concrétisation sur le terrain », affirme notre source. De son côté David Toledano, Président de La Fédération nationale des matériaux de construction (FNMC) avoue être perplexe. « Ce sont des baisses qui commencent à inquiéter sur le bon comportement du secteur de la construction. La baisse a commencé depuis maintenant six ou sept mois. Aujourd'hui, force est de constater que c'est une baisse structurelle. En principe, il n'y a pas de raisons pour que cette baisse s'installe dans le temps surtout qu'il y a eu la signature de plusieurs grandes conventions. Sincèrement, je ne comprends pas. Le mauvais temps n'explique pas tout car la tendance a commencé dès le mois de mai 2012 avec des variations oscillant entre -8 et -15%. Nous pensions entamer des années exceptionnelles et là c'est la désillusion », soutient David Toledano. Du coup, toutes les suppositions sont permises. Faut-il voir dans cette baisse qui perdure un impact de la hausse de la taxe sur profit immobilier (TPI) de 20 à 30%, des lenteurs dans l'octroi des permis de construction ou les intempéries? Selon David Toledano, pour le moment il est difficile de cerner avec exactitude la cause de cette baisse. « Nous essayons de comprendre et de ne pas nous installer dans la déprime. Nous savons qu'il y a une demande, mais dans certaines régions comme Casablanca, nous ne comprenons pas l'existence d'une dichotomie entre la demande et la mise en chantier. Nous essayons de comprendre ce dysfonctionnement », ajoute David Toledano. En attendant de mettre le doigt sur la vraie nature du problème, le secteur du ciment voit ses chiffres parfois accuser une régression à deux chiffres comme ce fut le cas pour Ciments du Maroc (-32% du résultat net). Aujourd'hui, les chiffres laissent dubitatifs et perplexes. Espérons que cela ne durera pas toute l'année…