Les promoteurs hôteliers ne se font pas prier pour investir à Casablanca. Pour preuve, ils sont 25 à lancer des projets qui devront être bouclés d'ici à 2009. Derrière cet engouement, se cache une rentabilité quasi-garantie. Les hôteliers ne s'y trompent pas. Les recettes du tourisme d'affaires sont en moyenne trois fois plus élevées que celles dégagées par la clientèle des loisirs. Résultat : tous les hôteliers veulent y être présents, quitte à courir derrière un projet pendant plusieurs années. Risma en a fait l'expérience. Mais aujourd'hui, le principal instrument de financement du Groupe Accor a surmonté tous les obstacles. Il inaugurera ce 25 octobre 2007 ses deux unités sur son site du Casa City Center : un Novotel et un Ibis, en attendant le Sofitel prévu en 2009. «S'il y avait du foncier disponible à Casablanca, sa capacité d'hébergement exploserait et dépasserait même celle de Marrakech», estime Mohamed Jebroun, directeur régional du Tourisme du Grand Casablanca. Quoi qu'il en soit, depuis l'année dernière, les hôteliers mettent le paquet pour sortir de terre de nouveaux établissements, augmentant par ricochet la capacité litière de Casablanca. Vingt-cinq hôtels totalisant près de 5. 400 lits sont en cours de construction. Cette nouvelle capacité d'hébergement viendra s'ajouter d'ici fin 2009 aux 11.500 lits déjà existants. Rien que pour ce dernier trimestre 2007, ce sont cinq nouveaux hôtels d'une capacité de 1.602 lits qui vont ouvrir leurs portes. Treize autres seront opérationnels au courant de l'année prochaine, portant sur une capacité d'hébergement supplémentaire de 1.816 lits. Quant à 2009, elle verra la mise en service de sept nouvelles unités totalisant 1.970 lits. Les petites unités ont le vent en poupe Paradoxalement, dans la capitale économique du Royaume, contrairement aux autres régions touristiques, les nouveaux établissements comptent beaucoup de petites unités hôtelières. À l'exception, en effet, de Châabi Hotel, du Kenzi Tower Palace du Twin Center, d'Afrin Hôtel et de Sofitel City Center, on comptabilise 7 hôtels quatre étoiles, 6 trois étoiles et 1 deux étoiles. Pour le reste, il s'agit de petits projets de résidences touristiques, de villages de vacances et de maisons d'hôtes... La majorité des chantiers se situent en plein centre-ville. Qu'est-ce qui attire tout ce beau monde à Casablanca ? La grande bataille des hôteliers s'opère surtout sur la clientèle individuelle. En effet, sur le demi-million de touristes qui visitent Casablanca, une grosse part est constituée d'une clientèle individuelle d'hommes d'affaires et de cadres en mission. De plus, pour de nombreux opérateurs, la destination ne souffre ni des prix, ni de problèmes de taux d'occupation, contrairement aux autres destinations. D'ailleurs, les taux d'occupation n'ont jamais été aussi élevés, de même que la recette unitaire que les hôteliers taisent volontiers. Mais c'est surtout le milieu de gamme et gamme économique qui font de très belles performances. Ce qui expliquerait la volonté des promoteurs d'Oum Palace, qui avaient beaucoup misé sur la décoration, de redimensionner leur unité ouverte, il y a seulement quelques mois. Initialement prévu pour devenir un trois étoiles, les promoteurs sont en train d'unifier des chambres en suite pour avoir le standing d'un quatre étoiles. Pour le Novotel City Center, Marc Thépot, PDG d'Accor Maroc, cache difficilement le fait que son nouveau bijou quatre étoiles va récupérer la clientèle 5 étoiles grâce à un bon rapport qualité-prix. Avec les unités du Casa City Center qui viendront s'ajouter à ses deux autres hôtels Ibis (Casa-Voyageurs et Sidi Maârouf), Accor se retrouvera à la tête d'un millier de lits à Casablanca. Mais c'est sur son marché naturel, la France et l'Espagne, qui sont également les premiers clients émetteurs de touristes pour Casablanca, que le leader marocain de l'hôtellerie mise pour remplir ses nouvelles unités, cela en ne laissant rien au hasard. « Quand nous gérions l'hôtel Mercure Almohade, nous avions 15 % de la clientèle qui utilisait notre système de réservations par Internet. Il en sera de même pour Novotel City Center pour lequel nous prévoyons d'atteindre 25 % de réservation par Internet au courant des trois premiers mois après son ouverture », souligne Marc Thépot. C'est à qui rénove le mieux En tout cas, il apparaît clairement que le rythme d'ouvertures pour 2007 est nettement plus élevé que ce qui a été observé ces dernières années. La preuve, entre 2003 et 2005, soit trois ans, on comptabilise l'ouverture de 9 unités seulement. Aujourd'hui, au moment où 25 hôtels sont en construction dans la métropole, les établissements déjà existants rivalisent à qui rénove le mieux dans la perspective d'une redistribution des cartes. C'est le cas actuellement des hôtels Oumnia et Ryad Salam qui sont en rénovation. Devenu récemment nouveau propriétaire de ces établissements, le CIH, qui a créé dans la foulée une société de gestion en charge de ces établissements, tient coûte que coûte à leur repositionnement sur l'échiquier hôtelier de la capitale économique. Est-ce pour les céder ensuite ? Pour l'heure, rien ne filtre du côté du CIH. Il faut dire que c'est un vent de folie qui s'est emparé des hôteliers pour maintenir leurs établissements à la tête du hit-parade des palaces casablancais. Le CMKD n'a pas hésité à mettre 175 millions de dirhams pour la rénovation de l'hôtel Golden Tulip Farah, qu'il a fermé depuis septembre 2006. Le consortium maroco-koweïtien pour le développement, propriétaire de l'hôtel, a décidé d'investir dans cet établissement qui ne répond plus aux standards exigés par la clientèle d'hommes d'affaires aussi bien nationaux qu'étrangers. La décision de fermeture, qui n'a pas été facile à prendre, reconnaît-on auprès du CMKD, intervient pour faire place au lancement du chantier de rénovation radicale pour hisser l'établissement à la catégorie 5 étoiles Luxe, conformément aux normes internationales en vigueur, soulignent les responsables du CMKD. À en croire Mohamed Achetouane, directeur de l'établissement, le Golden Tulip Farah réouvrira ses portes dès décembre prochain. Moulay Hafid Elalamy, président de la CGEM, a mis un pied dans le tourisme depuis que son groupe, Saham, a racheté la compagnie d'assurance Essaada, héritant à l'occasion de l'hôtel Crown Plazza (ex-Holiday Inn). Depuis, l'homme d'affaires a dédié un pôle à l'activité du tourisme et vient d'initier une importante opération de rénovation. Ce n'est pas un hasard si les hôteliers parient plus que jamais sur l'avenir touristique de la capitale économique. «Notre projet du Casa City Center est bien situé dans la perspective du Programme de Développement Régional Touristique (PDRT) de Casablanca», précise le PDG d'Accor Maroc. La métropole, qui manque d'un palais des Congrès pour renforcer son offre «corporate», verra bientôt son rêve se réaliser avec la marina de Casablanca, dont les travaux démarreront d'ici la fin de l'année. En effet, la première phase de ce projet abritera le plus grand palais des congrès du Maroc, avec une superficie de 26.800 m2. Il sera composé d'une salle plénière de 2.200 places et d'un hall d'exposition de 6.000 m2. Voilà de quoi donner à Casablanca sa vocation de ville d'affaires. Ce qui, aux yeux des hôteliers, va élargir la base du segment «affaires» via le développement des incentives. Hormis la marina, qui comportera hôtels, boutiques de luxe, restaurants…, le PDRT prévoit de compléter l'offre animation de la marina par une autre, authentique et originale, située dans l'ancienne médina. Cette dernière sera réaménagée pour devenir un vaste musée vivant offrant culture et détente aux visiteurs. La gare Casa-Port et son environnement immédiat seront également réaménagés. Il est ainsi prévu l'agrandissement du bâtiment voyageurs et des quais, ainsi que la construction d'un espace commercial. Des tâches qui incomberont, à n'en point douter, à l'Office National des Chemins de Fer (ONCF) qui a lancé les chantiers. Juste derrière, c'est le grand port de Casablanca qui devra connaître d'importants changements. Un programme de mise à niveau est, en effet, proposé par le PDRT. L'objectif est de permettre l'ouverture du port et de son environnement via un programme de développement du tourisme de croisière. La métropole reçoit plus de 20.000 croisiéristes par an. Pour développer cette niche, les professionnels du tourisme préconisent dans ce sens une amélioration des procédures d'accès et des conditions d'accostage des bateaux (visas d'entrée, sécurité, travaux d'aménagement pour la réception du trafic…). Il va sans dire que l'affectation d'un quai entièrement dédié à l'activité croisières apportera des solutions immédiates au problème d'accostage des mastodontes du transport maritime de touristes.