Echaudé par une pression politique interne qui le contraint à s'aligner sur la "ligne dure" de l'extrême droite française pour ne pas paraître faible et laxiste, et des réactions dans le monde musulman qui écorne son image et celui de son pays, le président français Emmanuel Macron semble entamer une campagne de communication dans les médias arabes à travers Al Jazeera pour essayer de détendre la situation. Sans pour autant renoncer explicitement au sacro-saint principe de la liberté d'expression qui sous-tend la publication des caricatures selon leurs auteurs et/ou revenir sur ses propos lors de l'hommage au professeur assassiné, le président français a affirmé comprendre que les caricatures puissent choquer. Ces propos sont à diffuser sur Al Jazeera ce soir à partir de 19H, heure de la Mecque, dans une interview accordée à la chaîne qatarie. « Je comprends qu'on puisse être choqué par des caricatures, mais je n'accepterai jamais qu'on puisse justifier la violence. Nos libertés, nos droits, je considère que c'est notre vocation de les protéger », a déclaré le président français, rapporte par Europe 1. Lire aussi | Sahara : le Conseil de sécurité renouvelle pour une année le mandat de la MINURSO Ces propos viennent quelque peu tempérer, sans pour autant être explicite, les mots qui ont frustré nombre dans le monde musulman. L'exercice est hautement politique ... et risqué : comment apaiser des tensions dans le monde musulman sans se mettre à dos le marigot politique national. Ces propos s'inscrivent, plus ou moins, dans la droite ligne des précédentes déclarations du président français, tout en perdant de leur mordant. Désormais, il s'agirait apparemment d'une tentative de calmer les choses, sans donner l'impression de se dédire. Alors le président français comprend qu'on puisse être choqué, mais la liberté (d'expression) est une vocation à protéger. Lire aussi | Turquie : la nostalgie du Califat Le choix d'Al Jazeera et maintenant n'est pas anodin. Il intervient après les récentes attaques au couteau à Nice (3 morts et plusieurs blessés) et au consulat de France à Jeddah (Arabie Saoudite). Et il a tout l'air d'un début de campagne de communication dans les médias musulmans pour essayer de désamorcer le désamour qui s'est installé depuis quelques jours entre les populations de ces pays et la France, suite aux propos du président français sur la poursuite de la publication des caricatures. Surtout que Erdogan, le président turc, a décidé de prendre la tête de la contestation pour mener une fronde frontale contre le président français, la France et les produits français dans les pays musulmans. Cette démarche permettra-t-elle de détendre la situation et de ramener du calme dans les pays qui ont connu des manifestations ? Cela reste à voir... Lire aussi |Vaccin grippal : le ministère de la Santé rationne les quantités et met les pharmaciens en difficulté