Après la multiplication des attaques contre l'Islam en France et la surexposition des caricatures du prophète Mohammed, la colère gronde de plus en plus et prend aussitôt la tournure d'une campagne de boycott des produits français. L'Islam traverse de nouveau un ouragan politique en France. Après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine où Samuel Paty, enseignant d'Histoire-Géographie, a été atrocement décapité par un jeune tchétchène pour avoir montré des caricatures du prophète Mohammed, une nouvelle vague de stigmatisation de l'Islam s'est déchaînée contre les symboles religieux émanant aussi bien de la classe politique que de la presse. En réaction au drame du meurtre de l'enseignant, plusieurs journaux français ont republié les caricatures du prophète Mohammed. Un geste de « solidarité » à l'égard du défunt pour réaffirmer «le droit sacré au blasphème » et « la liberté inconditionnelle d'expression », qui fait le ciment des « valeurs républicaines ». Le gouvernement français n'a pas hésité à faire de même, allant plus loin et mettant les images des caricatures sur les bâtiments des administrations et établissements publics. Un geste qui a suscité la consternation de l'ensemble du monde musulman. Au Maroc, la colère a également pris une dimension économique, elle s'est aussitôt traduite par des appels au boycott des produits français. Comment en sommes-nous arrivés là ? Dès le début du mois de septembre, la question de l'Islam a resurgi dans le débat public français suite au procès des complices de l'attentat de Charlie Hebdo en 2015, qui a reposé la question insoluble des limites de la liberté d'expression et le droit de critiquer la religion musulmane. Plusieurs incidents et malentendus se sont ensuite multipliés pour aboutir à cet engrenage. Puis une attaque au couteau a lieu à Paris le 22 septembre, perpétrée par un homme d'origine pakistanaise pour «venger le prophète ». Le 2 octobre, le président français Emmanuel Macron s'est prononcé sur l'épineuse question de l'intégration des communautés musulmanes en France. Dans un discours considéré comme un pamphlet, il n'a pas hésité à pointer du doigt « le séparatisme islamique ». «L'Islam est en crise », c'est ainsi que le chef d'Etat français s'en est pris ouvertement à la religion d'un milliard et demi de personnes pour insinuer clairement qu'elle n'arrive pas à s'adapter à la modernité Puis s'est produit le drame de Samuel Paty, un professeur d'histoire-géo, âgé de 47 ans, brutalement assassiné par un jeune tchéchène dans la commune de Conflans-Sainte-Honorine, après avoir montré des caricatures du prophète Mohammed à ses élèves lors d'un cours sur la liberté d'expression. Ce meurtre ignoble a soulevé une vague d'indignation en France qui s'est vite transformée en une hargne politique se manifestant par des déclarations hostiles à l'Islam de la part de quelques leaders politiques. Le président Emmanuel Macron a promis de ne pas « renoncer aux caricatures » du prophète Mohammed, lors de son hommage à Samuel Paty. Ce qui n'a laissé personne indifférent. Boycott : la riposte des Marocains Les multiples attaques contre l'Islam en France ne sont pas passées inaperçues au Maroc. Une campagne de boycott des produits français a surgi dans les réseaux sociaux (Twitter, Facebook et Instagram) à l'appel de quelques activistes. Un geste de protestation contre ce qu'ils appellent « actes de provocation par les autorités françaises ». Plusieurs sociétés françaises installées au Maroc sont visées de nouveau par la colère des Marocains après la campagne de boycott de 2018. Il s'agit du géant des produits laitiers Danone, de la grande distribution Carrefour, ceux de l'industrie automobile Renault et Peugeot ainsi que plusieurs banques telles que la Société Générale La campagne de boycott commence à envahir les réseaux sociaux au point où le hashtag « Boycott des produits français » est arrivé, vendredi, au sommet de la tendance de Twitter au Maroc. Plusieurs personnes ont adressé les critiques les plus acerbes aux propos du président français et sa politique vis-à-vis des musulmans de France. Tous les commentaires soulignent la contradiction de la France avec ses propres valeurs de liberté, d'égalité et de laïcité qui garantissent la liberté de conscience et de culte. « En tant que Marocaine, je n'accepte aucunement l'attitude du président français contre le prophète, c'est pour cette raison que je soutiens la campagne de boycott », a écrit une internaute sur son compte Tweeter. D'autres appellent à aller plus loin, « Vraiment, je ne pense pas que boycotter les produits français soit suffisant », a martelé une autre. Un troisième a été moins virulent dans l'expression de sa colère, « S'il vous plaît, ne faites pas de mal à notre messager Mohammed, arrêtez votre insolence à notre égard », a-t-il écrit dans un tweet. D'autres activistes appellent également à supplanter les produits français par des produits « Made In Morocco », ce qui a été mal perçu par quelques commentateurs français, « On a résisté au boycott américain de 2003, ce n'est pas trois boîtes de Kiri en moins qui vont nous faire peur», a ironisé un français sur Tweeter. Anass MACHLOULKH strong style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: "Open Sans", sans-serif, Arial, Verdana, "Trebuchet MS"; font-size: 16px;"Encadré : L'Istiqlal s'inquiète de la montée de l'islamophobie en France Dans un communiqué, le Comité exécutif du Parti de l'Istiqlal a exprimé son inquiétude vis-à-vis de la campagne de stigmatisation du prophète Mohammed et de la montée des actes islamophobes en France, suite à l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty. Un acte radical et barbare, contraire aux valeurs islamiques et civilisationnelles, ajoute la même source. Le Comité est profondément exaspéré par la publication des caricatures du prophète et la multiplication des attaques contre la religion qui touche les sentiments des musulmans du monde entier et en particulier ceux de la communauté musulmane de France. Le Comité redoute également les répercutions dangereuses de ses actes sur le dialogue et la coexistence entre les religions. Ainsi, le Parti de l'Istiqlal invite à o ouvrir un débat sur le vivre-ensemble et l'Islamophobie loin des idées radicales