Le patron du BCIJ, Abdelhak Khiam, a tenu une conférence de presse le 11 septembre à Rabat pour revenir plus amplement sur l'opération de démantèlement de la cellule terroriste « la plus dangereuse jamais défaite » par son service, menée jeudi. Lors de cette rencontre, Abdelhak Khiam, qui dirige le Bureau Central d'Investigations Judiciaires (BCIJ), a fait savoir que la cellule terroriste démantelée simultanément dans les villes de Tanger, Tiflet, Témara et Skhirat était prête à perpétrer des opérations terroristes suicides dangereuses. « Cette cellule terroriste a la particularité de rappeler les événements du 16 mai à Casablanca du fait que ses membres sont des kamikazes », a-t-il précisé. « Sur la base d'informations fournies par les services centraux qui traquent les activités des cellules extrémistes, et après plusieurs réunions sous la supervision du directeur général de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), il a été décidé d'intervenir après que la cellule ait atteint un stade avancé et s'apprêtait à mener des attaques qui, si elles étaient perpétrées, auraient provoqué une tragédie », a ajouté Abdelhak Khiam. Lire aussi| M'jid El Guerrab : « l'Allemagne est derrière la décision de mettre le Maroc hors de la liste des pays sûrs de l'UE » Aussi, le patron du FBI marocain a-t-il mis en exergue le caractère professionnel de l'intervention des éléments du BCIJ, qui était conforme à la loi, compte tenu de la dangerosité des membres de cette cellule, ajoutant que l'un des membres des forces spéciales a été blessé lors de cette intervention et que sa blessure ne suscite pas d'inquiétude. « Lors de l'arrestation des membres de cette cellule et lors des perquisitions, des substances chimiques entrant dans la fabrication des explosifs ont été découvertes, ainsi que des cagoules, des armes blanches et des ceintures explosives. La cellule prévoyait de mener des opérations suicides contre des personnalités publiques et militaires et des quartiers généraux de services de sécurité », a particulièrement détaillé Abdelhak Khiam. Il a également indiqué que l'expertise technique effectuée sur les objets saisis a révélé que les cinq membres de la cellule étaient en phase de montage et de préparation pour perpétrer des opérations explosives à l'aide d'une « cocotte-minute » chargée de substances explosives et d'autres substances chargées dans des tuyaux, ainsi que des gilets explosifs pour mener des attentats suicides. « La vigilance des services sécuritaires a ainsi épargné au Maroc un bain de sang », a-t-il souligné. Le directeur du BCIJ a, en outre, affirmé que les enquêtes avec les cinq interpellés seront entamées ce vendredi dès achèvement des mesures sanitaires et préventives et leur soumission aux analyses de dépistage du nouveau coronavirus, afin de vérifier si la cellule a des ramifications à l'étranger ou des liens avec des organisations terroristes internationales, notant que jusqu'ici, il s'avère que la cellule s'auto-finançait grâce à des contributions de ses membres. Lire aussi| Coronavirus : 300.000 contaminations et 1000 morts quotidiens au Maroc, selon un centre de recherche américain Il a ensuite révélé que les membres de la cellule s'apprêtaient à prêter allégeance à la soi-disant organisation « Etat islamique », soulignant que l'idéologie terroriste de « Daech » ne s'est pas effritée avec la chute du groupe ou de son ancien chef Abu Bakr al-Baghdadi en Syrie et en Irak, mais a des ramifications idéologiques et se transmet via Internet et les moyens de communication pour détourner les catégories vulnérables. Que sait-on des 5 personnes arrêtées ? La tête pensante de la cellule est un « émir » basé à Témara et qui avait opposé une sérieuse résistance aux éléments du BCIJ lors de son arrestation. Et toujours selon la police, c'est lui qui a mené les opérations de recrutement des quatre autres complices. Notons que l'« émir », en question, a des antécédents judiciaires en lien avec des affaires de droit commun. « Il était poissonnier et triporteur et circulait souvent avec une arme blanche », a fait remarqué Abdelhak Khiam, ajoutant que ses antécédents avec la justice datent de 2004-2006 et que l'individu ne s'est pas radicalisé en prison. Les autres membres de la cellule étaient agriculteur, plombier, peintre de bâtiment ou menuisier. Toutefois, aucun des quatre ne disposait de casier judiciaire. L'enquête qui va s'ouvrir permettra d'en savoir plus sur les ambitions et ce que prévoyait exactement cette cellule.