La rentrée se passe dans une pagaille générale, angoissant les parents et faisant peser de gros doutes sur l'effectivité du rôle de l'école, de l'égalité des chances. Le ministère a offert, dans un premier temps, aux parents de choisir entre le présentiel et l'enseignement à distance. Ils ont plébiscité la première option à 80 %, c'est un score « africain ». Les raisons sont objectives. Ceux qui ne peuvent aider leurs enfants à la maison, parce qu'ils travaillent, ceux qui sont illettrés, ceux qui n'ont même pas les moyens d'assurer leur garde à la maison et ceux qui n'ont pas internet, et ils sont nombreux, ceux qui ont dit non à la mystification de l'école à distance. Mais il y a aussi ceux qui savent que leur enfant a besoin, pour forger sa propre personnalité, d'avoir une vie sociale, d'avoir des copains, de vivre les phénomènes de groupe. Lire aussi |Rentrée scolaire en distanciel : les parents entre le marteau et l'enclume Mais voilà que le ministère change de braquet, à quelques heures de la rentrée, pour annoncer que l'enseignement à distance sera obligatoire dans les régions infectées, et que les directions régionales annonceront les écoles concernées. Les chiffres de la pandémie sont inquiétants, mais cette manière de procéder est ubuesque et ajoute à la confusion générale. Les parents qui ont acheté le tablier, les fournitures, le cartable, doivent se rabattre sur la tablette, s'ils en ont les moyens. Sinon et ce que fera une partie, ils sortiront leurs enfants du système scolaire. La gestion de l'épidémie est d'une complexité extraordinaire. Mais comme disait Jacques Brel : « on fait ce qu'on peut mais il y a la manière ». Une meilleure communication aurait aidé à faire passer la pilule. Si le ministère s'était limité à reporter la rentrée de quelques jours, le temps qu'il établisse la cartographie, qu'il avait tenu une conférence de presse, cela aurait mieux été perçu qu'un communiqué lapidaire en pleine nuit. Pourtant, le ministre est porte-parole du gouvernement. Lire aussi |Traitement du Coronavirus : faut-il craindre une rupture de stocks de certains médicaments ? Les parents ne savent plus à quel saint se vouer et cela ne fait que commencer. Cela concerne des millions d'enfants, on n'en récupérera qu'une partie, c'est une évidence et c'est un drame, dans un pays où la déperdition scolaire est importante. L'enseignement à distance, pour les enfants en bas âge, c'est la négation de l'école intégratrice.