Des offres promotionnelles, censées être limitées dans le temps, seront finalement commercialisées toute l'année. Le consommateur s'y perd. L'ANRT réagit. Certains opérateurs de services de télécommunications sont mécontents. L'Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications (ANRT) a publié au début du mois de septembre une décision par laquelle elle dresse les nouvelles règles relatives à la promotion des services télécoms et d'Internet. Des règles qui leur paraissent parfois injustes, parfois contraignantes. Ainsi, et à titre d'exemple, l'article 6 de ladite décision stipule que les opérateurs dominants sont tenus d'adresser à l'Agence leurs offres trois jours avant leur commercialisation. Maroc Telecom se serait senti particulièrement visé par cette mesure. Selon un responsable d'agence, cette règle est contraignante dans la mesure où la notion de confidentialité risque d'être ébranlée. Bien plus que cela, il arrive par exemple que des dates de lancement soient parfois modifiées à la dernière minute, que les offres changent entre temps… «Nous ne maîtrisons pas à la perfection les dates de lancement. Comment voulez-vous alors que nous puissions respecter cet article 6», s'interroge le responsable qui croit que cet article concerne directement et seulement Maroc Telecom. Or, un tour chez le régulateur nous informe que l'obligation de transmettre préalablement les offres de promotions avant leur lancement concerne tous les opérateurs qu'ils soient puissants ou non. «Cette obligation n'incombe pas uniquement à Maroc Telecom mais aussi à Médi Telecom et à Wana, ainsi qu'à tout exploitant de réseau public de télécommunications». C'est maintenant clair. Maroc Telecom n'est pas ciblé (seul) par cette mesure. Qu'en est-il alors des décisions portant sur la délimitation même des promotions ? L'Agence a voulu mettre fin à «l'anarchie» qui régnait. Une meilleure perception des prix Les promotions, censées être des opérations limitées dans le temps, donc ponctuelles, ont été détournées de leur vocation. Les opérateurs, en procédant à des offres promotionnelles (double recharge…) toute l'année ont sciemment contourné la régulation. L'ANRT a donc «sévi» en imposant ces règles. Pour les opérateurs, ceci risque de faire baisser leur chiffre d'affaires. Beaucoup de clients rechargeaient souvent leur téléphone parce qu'ils bénéficiaient de la double recharge. Désormais, et au vu des nouvelles conditions qui espacent les durées des promotions (15 jours tous les trois mois), le business des opérateurs risque-t-il d'en prendre un coup ? Pour l'ANRT, les nouvelles dispositions ont été instaurées pour encadrer les durées et les intervalles entre les différentes promotions, afin de permettre aux consommateurs de mieux percevoir les prix des communications et de donner une visibilité du marché aux consommateurs et aux opérateurs dans un climat de transparence des prix. «Cet encadrement des recharges poussera les opérateurs à améliorer encore plus leur stratégie commerciale et permettra aussi de relever l'ambiguïté entre les tarifs réels et les tarifs réduits, étant entendu que nous constatons des recharges tout au long de l'année, ce qui nous pousse à nous interroger sur le tarif réel et les coûts réellement supportés par les opérateurs pour fournir leurs prestations». En fin de compte, la mesure propre aux délais de promotions touche (pour l'instant) principalement Maroc Telecom et Méditel qui, depuis un bon moment, mènent une lutte acharnée sur le créneau du mobile. Qu'en est-il de Wana ? Pourrait-il tirer profit de cette nouvelle situation ? A l'évidence, aucun responsable ne pourrait confirmer une telle information. L'Agence de régulation a joué son rôle. Pour bien réguler la concurrence, elle s'est attelée à ce que les opérateurs dominants se soumettent à des règles pour ne pas abuser de leur position. Quant à Wana, «il se trouve dans un cadre plus réglementé que celui qui existait auparavant, en ce sens qu'avec les nouvelles prérogatives de l'ANRT en 2004, en matière de protection et de sauvegarde de la concurrence, l'Agence a été appelée à prendre des mesures concrètes pour instaurer une certaine discipline entre les concurrents. Autrement dit, certaines pratiques qui étaient auparavant non encadrées telles que la publicité, pratique qui constitue un élément important dans la stratégie commerciale des opérateurs et plus particulièrement des nouveaux entrants, se trouvent maintenant réglementées eu égard aux nouvelles prérogatives de l'ANRT en matière de concurrence», explique-t-on au niveau de l'Agence. Les histoires des télécoms, ce n'est finalement pas du gâteau…