Dans une chronique publiée sur les colonnes du quotidien Assabah, de ce lundi 11 mai, Abdelkrim Benatiq, chercheur et membre du parti de l'USFP, soulève une question sur la manière de payer les dettes engendrées par la gestion de la pandémie du coronavirus. La question des dettes du coronavirus inquiète tous les gouvernements sans exception, la crise sanitaire ayant été imprévue, lance Benatiq, signalant que toutes les options économiques et financières étaient, avant la crise, basées sur des équilibres étudiés et programmés avec des mécanismes contrôlés. Le coronavirus a pris de court les décideurs économiques du monde entier, qui ont dû changer toutes les stratégies suivies en mettant de nouvelles options visant à lutter contre cette pandémie, en mobilisant toutes les énergies et ressources tout en évoquant des réponses capables après la crise sanitaire, de maintenir les équilibres macroéconomiques en les fortifiant afin d'en sortir avec un minimum de dégâts. L'approche de l'Union européenne demeure enfermée dans des options telles que l'idée d'émettre des obligations liées à la pandémie du coronavirus, ou de définir une politique qui repose sur des prêts à long terme ajoutés aux mécanismes spécifiés pour préserver la stabilité financière des pays de l'UE. Le chercheur marocain soutient que ces mécanismes ont été dépassés, expliquant que les pays concernés de la zone euro, comme l'Italie, affichait déjà un taux de croissance faible en dessous de 0,2%, avec des dettes dépassant 134% du PIB, un pourcentage pourrait atteindre 150%, sous l'impact de la crise sanitaire. En vue d'éviter l'effondrement de la zone euro, Bruxelles entend maintenir la fourniture de liquidités financières directes aux Etats membres touchés par l'arrêt brutal de la production, tout en reportant la discussion sur la manière de gérer les complications. Les institutions internationales concernées par la gestion des relations financières mondiales, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international soulève le même débat sur la gestion des relations financières mondiales parallèlement aux initiatives de terrain de tous les pays pour stopper l'hémorragie économique résultant de cette pandémie, avec l'émergence d'une jurisprudence cherchant à trouver des formes contraires aux abus Avec les dettes problématiques résultant des coûts de la lutte contre l'épidémie, sachant que le début de 2020 a vu une augmentation des dettes accumulées sur tous les pays de plus de 320% du PIB mondial par an, soit une augmentation de 50% par rapport à la crise post-financière de 2008. Report ou annulation des dettes des pays en développement Le Groupe des 20 pays a pris une décision le 15 avril dernier, c'est-à-dire au plus fort de la crise sanitaire actuelle, dans laquelle il a souligné que l'obligation de payer les dettes ne devait pas se faire au détriment des mesures urgentes prises dans les pays en voie de croissance, tout en reportant les échéances de la dette des pays à faible revenu jusqu'à la fin de 2020. Tandis que dirigeants de certains pays développés sont allés jusqu'à suggérer la possibilité d'annuler les dettes de 40 pays sur la voie de la croissance qui pourraient être un frein à son développement économique. Ceux-ci craignent le discours croissant qui rejette la mondialisation. Il y a aussi ceux qui s'opposent à l'idée d'annuler les dettes et prennent comme exemple le continent africain, dont de nombreux pays peuvent souffrir de cette initiative, de peur de perdre leur crédibilité auprès des institutions de notation. De plus, la dette totale des pays du continent africain sont évaluées à 390 milliards de dollars et que dans 55 pays africains, une minorité souffre d'une dette incontrôlée. Les besoins de refinancement des dettes africaines en 2020 nécessitent 44 milliards de dollars, tandis que leurs demandes d'emprunts extérieurs ne dépasseront pas cette année 100 milliards de dollars, alors la crise du coronavirus est terminée. En général, les économies de la plupart des pays africains se sont révélées être financièrement saines. Le Maroc dépasse le plafond de 31 milliards de dirhams En ce qui concerne le Maroc, il y a eu approbation de la loi 20.26, qui est finalement approuvée par le Parlement, et qui exige que le plafond de 31 milliards de dirhams de dettes prévu par la loi de Finances en vigueur soit introduit dans la mesure de soumettre un amendement. Le ministre des Finances a estimé qu'il est difficile de déterminer le montant des besoins financiers tant qu'il est prématuré de connaître les dommages de l'économie marocaine résultant de la crise du coronavirus, tout en rassurant les députés de la nation que la crédibilité financière du Maroc est dans une position acceptable, tant que la dette extérieure ne dépasse pas 20% de la dette du Trésor Général. Le recours aux prêts extérieurs est donc inévitable, car la baisse de la demande dirigée vers le Maroc a entraîné une baisse des exportations de 80% en avril, le tourisme et le transport aérien ayant cessé complètement, avec une baisse de 10% des envois de fonds des MRE. Pour rappel, le rapport de la Banque mondiale publié le 22 avril dernier a souligné que les envois de fonds des migrants vers leur pays d'origine diminueront de 19,7% en 2020, donc selon le ministre des Finances, le report du paiement des dettes et la négociation d'autres échéanciers peuvent affecter la crédibilité financière du Maroc auprès des bailleurs de fonds. La solution, alors, selon la thèse du ministère des Finances, c'est l'emprunt pour payer les obligations programmées, avec la nécessité de conserver la réserve en devises. Sorties économiques possibles après le coronavirus Les discussions sur les sorties économiques possibles après la crise du coronavirus mettent en évidence l'étendue de la préoccupation mondiale sur la manière de gérer les difficultés post-épidémiques. Les institutions donatrices, à leur tour, seront soumises à un test difficile, exigeant que le rôle de l'accompagnement purement financier soit négligé pour fournir les conditions d'une interaction réelle avec une scène qui nécessite une ingénierie différente, en tenant compte du besoin des sociétés de politiques publiques qui protègent les êtres humains et leur donnent les capacités de faire face aux risques, loin de la mentalité de recherche d'une rentabilité rapide au prix des valeurs de solidarité. L'après-covid-19 constitue une opportunité pour installer un changement profond dans la gestion des affaires économiques à l'échelle mondiale. Le point de départ sera que les donateurs excluent les dettes engendrées par la crise sanitaire de la dette publique, pour éviter de surcharger les gouvernements avec des dettes qui peuvent entraîner des répercussions politiques et sociales néfastes. 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