Dans cette crise, le Maroc a enregistré un gain politique extraordinaire que tous les observateurs, y compris étrangers, ont relevé. La confiance dans les institutions atteint des niveaux inégalés historiquement. On doit ce gain à la réactivité et à la panoplie des mesures mises en place qui ont répondu à la crise sanitaire, mais ont aussi largement répondu aux besoins de l'économie et surtout des classes sociales les plus défavorisées en instaurant des filets sociaux. Cette panoplie de mesures a permis un taux d'acceptation très important des règles strictes de confinement. Quoi que l'on dise, l'extrême majorité des Marocains a été disciplinée, seule une minorité a dérogé à la règle. D'ailleurs, cette minorité n'existe même pas sur une large partie du territoire et cela se reflète dans les chiffres. La région Souss-Massa n'a enregistré que 50 cas, sans nouvelle contamination depuis 8 jours. A Safi, la performance est du même ordre et ce n'est pas l'excès de contrôle qui y est pour beaucoup, mais une autodiscipline largement diffusée. Seulement, le déconfinement se profile. D'abord parce que la décrue sera très sensible dès la semaine prochaine, qu'au 20 mai nous serons face à des chiffres de contamination largement maîtrisables par le système de santé renforcé qui est désormais le nôtre. Mais surtout parce que ni sur le plan économique, ni sur le plan social, ni sur le plan psychologique, le maintien des règles actuelles n'est viable. Il faudra bien sûr maintenir la distanciation, les mesures-barrières et surtout le port des masques. Et peut-être procéder progressivement en évitant les grands rassemblements. Toutes ces mesures mettent en jeu la responsabilité individuelle. Il faut faire confiance aux Marocains parce qu'ils ont montré qu'ils en sont dignes, dès qu'ils ont compris le bien-fondé des mesures. La coercition n'a aucun impact sur ce sujet, la clé c'est l'adhésion.