Soucieux de la crise économique engendrée par l'épidémie du Covid-19 au Maroc, le GPPEM a mis en place une cellule de crise afin d'identifier les solutions qui viendraient soulager les professionnels de l'événementiel. Aziz Bouslamti, Président du Groupement Professionnel des Prestataires de l'Evénementiel au Maroc (GPPEM), revient sur les difficultés que vit actuellement le secteur. Challenge : Tout d'abord, présentez nous en quelques mots le GPPEM. Aziz Bouslamti : Le GROUPEMENT PROFESSIONNEL DES PRESTATAIRES DE L'EVENEMENTIEL AU MAROC – GPPEM, association membre de la CGEM à travers la Fédération du Commerce de du Service (FCS), regroupe les sociétés et les auto-entrepreneurs qui composent l'écosystème de l'événementiel. Le GPPEM, porte-parole majeur du secteur, a pour objectif de défendre les intérêts des organisateurs et des fournisseurs de manifestations et conférences au Maroc adhérents de l'association, et le développement de leurs capacités professionnelles, et en général, de mener toutes les activités juridiques, économiques et financières directement ou indirectement liées au domaine d'activité de l'association et visant à atteindre ses objectifs et son développement. Le Groupement regroupe des professionnels de l'événementiel de plusieurs villes du Royaume du Maroc : Agadir, Berkane, Casablanca, Fès, Laâynoue, Marrakech, Meknès, Mohammedia, Oujda, Rabat, Salé, Tanger, Tantan, Témara… Challenge : Dans quelle situation économique se trouve aujourd'hui le secteur de l'événementiel ? Aziz Bouslamti : Sans vouloir être alarmiste, je peux vous dire que notre secteur est aussi sinistré que celui du tourisme. Nous sommes à l'arrêt total depuis l'annonce, courageuse et pertinente du gouvernement, de l'annulation des événements. Ce qu'il faut retenir, c'est la reprise qui ne se fera que dans 6 à 7 mois, car notre secteur vit des événements institutionnels qui se déroulent de mi-janvier à début Ramadan, deux semaines après ramadan et jusqu'à fin juin, la saison estivale n'étant pas propices aux congrès, conférences et autres salons. Puis de mi-septembre à mi-décembre. Avec le confinement, que nous encourageons, la période pré-été est considérée comme chômée cette année. Il y a aussi les professionnels spécialisés dans les festivals qui sont dans la même situation depuis l'annonce des annulations en masse des éditions de 2020. Il ne faut surtout pas oublier les prestataires qui fournissent tous ces événements. Je veux citer les tapissiers, les menuisiers et les vendeurs de moquettes, tapis, tissus… Mais aussi les vendeurs d'équipements techniques, les électriciens, les agents de sécurités, les hôtesses, les interprètes… D'un autre côté, la trésorerie des entreprises de notre secteur est en souffrance. Nous devons recouvrer les événements livrés avant la crise, alors que nous sommes tributaires des donneurs d'ordres, publics et privés, qui sont dans l'incertitude. Les frais engagés dans la préparation des événements qui ont été annulés sont difficiles à récupérer, puisqu'ils sont tributaires d'un livrable qui ne se fera pas. Pour conclure, nous savons que notre CA sera réduit à son minimum en 2020. Challenge : Quelles solutions proposez-vous pour remonter la pente ? Aziz Bouslamti : Je veux d'abord remercier la Fédération du Commerce et des Services en général et sa présidente, Mme Bouchra Outaghani, en particulier, qui a pris en compte nos doléances lors de l'élaboration de la proposition de la FCS à la CGEM, dans le cadre de la série de mesures proposée au Comité de Veille Economique(CVE), pour la préservation de la situation économique du Maroc face au Coronavirus. Nos adhérents pourront donc bénéficier de toutes les mesures accordées par le CVE, comme toutes les entreprises membres de la CGEM. Sachant que ces mesures vont permettre de soutenir l'entreprise marocaine durant les prochains mois. Nous demandons aussi aux différents donneurs d'ordre de ne pas annuler leurs événements, mais de plutôt les reporter. Nous les invitons à payer les prestations livrées avant mars et les frais engagés par les agences pour la préparation des événements qui ont été annulés. Ceci permettra aux opérateurs de l'événementiel de mieux supporter les effets de la crise. Challenge : Qu'en est-il des TPE, des auto-entrepreneurs et des freelances du secteur ? Aziz Bouslamti : Leur situation est encore plus délicate. Ils sont tous dépendants des grands opérateurs du secteur, qui leur sous-traitent une partie des prestations. D'ailleurs, le GPPEM a lancé la semaine dernière un appel solennel incitant les opérateurs du secteur à soutenir leurs fournisseurs en payant les prestations livrées durant les derniers mois au plus vite. L'appel a été suivi par nos adhérents et même par les très rares opérateurs qui n'ont pas encore adhéré au GPPEM. Nous avons aussi demandé à nos adhérents de soutenir financièrement durant les prochains mois, dans la mesure du possible, les freelancers auxquels ils font souvent appel. Enfin, nous avons recommandé le paiement des salaires au moins jusqu'à fin avril. Je tiens à citer l'exemple d'un opérateur de Rabat qui a débloqué la somme de 9 millions de dirhams dans ce sens. Challenge : Avez-vous appelé à la solidarité avec les autorités durant cette crise ? Aziz Bouslamti : Nous le faisons depuis le début. Mais, je voudrais d'abord saluer, au nom de tous les membres du GPPEM, le travail réalisé à ce jour par le gouvernement, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans la lutte contre le Covid-19. Et, afin de soutenir cette action, nous avons invité nos adhérents à mettre à la disposition des autorités leur matériel et leur expertise durant les prochaines semaines. Certains l'ont déjà fait. Nous avons un confrère qui a mis à la disposition de la Wilaya de Rabat son matériel roulant et des haut-parleurs pour diffuser des messages dans la rue. Un opérateur de Casablanca a proposé au ministère de l'éducation de l'accompagner dans le dispositif de e-learning mis en place depuis la fermeture des écoles. Nous restons à l'écoute des besoins du gouvernement durant les prochains jours, en vue de les soutenir autant que possible. Challenge : Quelle projection vous faites sur l'avenir de votre secteur ? Aziz Bouslamti : Je reste serein, mais aussi réaliste. Les prochains mois seront assez difficiles pour les membres du GPPEM. Néanmoins, nous faisons confiance à nos gouvernants pour soutenir le secteur de l'événementiel durant les prochains mois.