Depuis 2005, la présence d'Alstom au Maroc s'intensifie. Contrats très médiatisés, le tramway de Casablanca et le TGV sont loin d'être les seuls projets du géant industriel français. Le groupe, plus discret sur son volet énergétique, multiplie les marchés. C e 12 décembre 2012, le tramway de Casablanca commencera à transporter ses premiers voyageurs. Derrière cette mise en marche, il y a un groupe, pourtant pas très visible sur la plateforme. De la fourniture à la maintenance des rames pour 15 ans, en passant par les travaux de signalisation ferroviaire et d'énergie et de bâtiments en ligne, Alstom a marqué le Tram de la capitale économique de son empreinte mais a également engrangé un marché total de plus de 2,8 milliards de DH. Une présence dense Discret, le N° 1 mondial des trains à grande et très grande vitesse, qui a installé la moitié des équipements ferroviaires et électriques au Maroc est en fait sur tous les fronts. Outre les tramways de Rabat et de Casablanca, il a le contrat pour la livraison du matériel roulant du futur train à grande vitesse (TGV). Alstom, qui a vendu 14 rames, devrait empocher 400 millions d'euros. L'entreprise a également décroché avec la SNCF les contrats d'exploitation et de maintenance du TGV. D'autres marchés dans le secteur de l'énergie sont en cours. C'est le cas du projet éolien de 150 mégawatts de Taza sur lequel il est le principal partenaire constructeur du consortium mené par EDF Energies Nouvelles qui a été désigné meilleur offrant. «Nous espérons que les négociations en cours pour vendre l'électricité à l'ONEE et pour financer le projet permettront de lancer le projet en 2013», dit-on auprès d'Alstom Maroc. Un appel d'offre complémentaire portant sur 850 mégawatts doit suivre, pour lequel le processus de préqualification est en cours. Le groupe français ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Il porte un grand intérêt au projet de centrale thermique remporté par GDF Suez à Safi. Pour sa réalisation, il est en concurrence avec des Coréens Daewoo, Doosan et GS. Le résultat sera connu en fin d'année. En attendant, le géant français de l'électrotechnique planche sur un autre grand projet éolien avec son partenaire EDF Energies Nouvelles. Aujourd'hui, pour le groupe français, le Maroc constitue une belle opportunité. Le Royaume, qui bénéficie de conditions de soleil et de vent favorables, prévoit de réaliser d'ici 2020 un programme d'au moins 2 gigawatts d'énergie éolienne et 2 gigawatts d'énergie solaire. Résultat : le groupe industriel qui opérait dans le pays depuis très longtemps ouvre parallèlement une filiale qu'il détient à 100% et qu'il a baptisée Alstom Maroc. C'est pour « bénéficier de synergies et d'une image commune aux différents projets », signale-t-on auprès de l'entreprise. Mais quel est son secret pour rafler autant de marchés ? « Alstom, un des leaders mondiaux dans les infrastructures de transport ferroviaire, de production et de transmission d'électricité. Au Maroc, elle est reconnue comme leader mondial et l'expérience a démontré que nous savons mener à bien les projets complexes et assurer durablement la fiabilité de nos équipements », explique le management. Contrats contre investissements Il faut dire que le groupe français est plus qu'un simple fournisseur et prestataire. Elle est en passe de construire dans le Royaume ce qui pourrait devenir l'une de ses plateformes industrielles les plus importantes dans la région. «Il est légitime que le Maroc veuille développer la filière industrielle associée à ses grands projets ferroviaires. Nous avons accepté la demande qui nous a été faite dans ce sens et pris des initiatives que nous avons regroupées dans une convention de partenariat industriel stratégique avec le gouvernement marocain, signée le 6 janvier 2011», affirme le management d'Alstom Maroc. Une unité industrielle qui réalisera à terme 310 millions d'euros à l'export, des contrats avec des entreprises marocaines, 535 millions d'équipements à acheter auprès de fournisseurs marocains...c'est ce à quoi s'est engagé le groupe français pour les dix prochaines années pour accompagner la réalisation des gros contrats d'infrastructure qu'il a décrochés au Maroc, notamment dans le transport. Du coup, Alstom a été la première entreprise à signer avec l'Etat une telle convention basée sur une compensation industrielle. Depuis, elle a créé une joint venture avec Nexans à parts égales (50-50%) baptisée Cabliance, pour un investissement global de 300 millions d'euros. «L'usine a démarré en mars 2012 et emploie à ce jour déjà 120 personnes. Nous participons également au développement des compétences locales et assureront un partage d'expertise, notamment à travers des accords d'ores et déjà signés avec quelques écoles d'ingénieurs. En conjuguant ces initiatives à celles d'autres entreprises opérant dans le même secteur, une filière ferroviaire pourrait en effet se créer et nous en bénéficierons tous», précise-t-on auprès d'Alstom. Le chiffre 7 Mrds DH C'est environ le montant global des marchés des tramways de Rabat et Casablanca, du TGV et la maintenance de ses réseaux, remportés par Alstom.