La stratégie nationale de la logistique, lancée depuis 2010, suit son parcours. Mais, où en est-on réellement en termes de réalisations ? Les détails. 14%. C'est le chiffre qui retient toutes les attentions. Il s'agit là, en effet, du taux de déploiement de la stratégie nationale de la logistique depuis son lancement. Mise en place depuis 2010, cette feuille de route a pour objectif d'améliorer la compétitivité logistique du Maroc, à travers la mise en œuvre de plusieurs actions répertoriées en cinq grands axes (Développement des zones logistiques, Optimisation des flux de marchandises, Développement d'acteurs logistiques performants, Développement des compétences, et Gouvernance adaptée du secteur). Ainsi, sur le premier axe, qui concerne le Développement des zones logistiques, le taux d'avancement est à 9%. L'Agence Marocaine de Développement de la Logistique (AMDL) souligne que des efforts importants ont été déployés pour identifier une grande partie des assiettes foncières nécessaires pour le développement de ces zones et les intégrer dans les documents d'urbanisme et pour structurer les premiers projets à développer. Toutefois, il y a des blocages. « Le processus de mobilisation effective de terrains est confronté à des difficultés de réservation et d'allocation de moyens financiers. Aussi, les niveaux de rentabilité financière des projets d'aménagement des zones logistiques rendent l'initiative privée limitée dans ce domaine. Et par conséquent, peu de zones logistiques ont été développées », justifie Mohamed Yousfi, Directeur général de l'AMDL. Soulignons que la concrétisation du Schéma national des zones logistiques nécessite la mobilisation d'une superficie globale de près de 3300 ha de foncier d'ici 2030. En ce qui concerne l'axe 2 de la stratégie (Optimisation des flux de marchandises), le taux d'avancement est de 10%. A ce niveau, on note que trois contrats sectoriels portant notamment sur l'optimisation des flux import/export, distribution interne et matériaux de construction ont été signés. Cependant, deux contrats sectoriels portant sur l'optimisation des flux des produits agricoles et énergétiques n'ont pas été signés. Sur le troisième volet (Développement d'acteurs logistiques performants), l'AMDL fait remarquer que le taux d'avancement est actuellement à 12% et que plusieurs initiatives ont été mises en place pour renforcer la qualité de la prestation logistique. Insatisfaction des opérateurs Il y a eu le lancement du programme PME Logis doté de 63,5 millions de DH sur la période 2018-2019 pour accompagner les PME, la sensibilisation aux bonnes pratiques, la promotion de l'excellence logistique, etc. Néanmoins, des difficultés liées à la mise à disposition des acteurs d'immobilier logistique de qualité, ou encore la mise à niveau du secteur du transport routier de marchandises ont freiné les avancées sur ce point. Par rapport au volet (Développement des compétences), le taux d'évolution est de 26%. Au rang des actions menées, il y a l'élaboration d'un plan national de formation pour la période 2020-2024 et la mise en place du Board de coordination de la formation en logistique (BCFL). Selon Mohamed Yousfi, des investissements ont été mobilisés pour améliorer l'offre de formation en logistique. Et sur le dernier axe qui porte sur la Gouvernance adaptée du secteur, on note que le taux d'avancement est de 45%. Parmi les actions menées, il y a la mise en place de l'AMDL et de l'OMCL. Mais d'autres instances de gouvernance devraient aussi voir le jour. Particulièrement sur le développement des compétences dans les métiers logistiques, force est de souligner qu'aujourd'hui 113 établissements sur tout le territoire national disposent au moins d'une formation en logistique (34% dans les établissements publics et 66% dans le privé). Il va sans dire que les opérateurs sont insatisfaits quant à l'état d'avancement de la stratégie nationale de la logistique, et appellent à une accélération en vue de renforcer la compétitivité des entreprises marocaines. Rappelons que la mise en œuvre effective de la stratégie permettra de réduire le poids des coûts logistiques du Maroc par rapport au PIB à 15%, d'accélérer la croissance du PIB en gagnant 5 points sur 10 ans par l'augmentation de la valeur ajoutée induite par la baisse des coûts logistiques et l'émergence d'un secteur logistique performant.