La pratique religieuse dans les pays arabes serait-elle réellement en baisse ? Selon le plus important sondage approfondi jamais réalisé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, près d'un jeune arabe sur cinq se dit «non religieux». Le nombre de personnes se déclarant non-croyant est passé de 8% en 2013 à 13% en 2019. Cette tendance serait plus importante parmi les jeunes atteignant 18% chez les moins de 30 ans, révèlent des chercheurs de BBC Arabic and Arab Barometer – un réseau de recherche américain – suite à un sondage effectué auprès de plus de 25.000 personnes dans 11 pays et territoires dans la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord. Au Maroc, détaille Arab Barometer, près de quatre citoyens sur dix se disent religieux (38%), contre 44% quelque peu religieux et 13% s'identifiant comme non religieux. Et là encore, la génération de jeunes se démarque de la génération précédente. Ceux qui ont entre 18 et 29 ans ont plus de 40 de moins de chances de s'identifier en tant que religieux par rapport à ceux âgés de 60 ans ou plus (24% contre 68%). Lire aussi : Le Maroc entre une ancienne génération confiante et des jeunes frustrés Comme dans de nombreux pays, ceux qui ont un niveau d'instruction plus élevé sont un peu moins susceptibles d'être religieux; les personnes ayant une éducation de base au Maroc ont environ 20 points de plus de probabilités que les personnes ayant un diplôme secondaire ou une formation universitaire. Les femmes sont également plus susceptibles d'être religieuses que les hommes (44% contre 31%), bien que, notamment, celles des zones urbaines et rurales soient également susceptibles d'être religieuses. L'Islam politique perd du terrain Le soutien à l'Islam politique est également en déclin au Maroc. En 2006, près de six sur dix (58%) ont déclaré que les chefs religieux devraient avoir leur mot à dire sur les décisions du gouvernement. Ce pourcentage a régulièrement diminué, tombant à seulement 21% en 20l8. Ce déclin est peut-être lié au fait que la jeune génération est beaucoup moins susceptible de vouloir que les personnalités religieuses aient leur mot à dire sur le gouvernement. Seuls 12% des 18-29 ans et 15% des 30-39 ans partagent ce point de vue, contre un tiers (34%) des 50-59 ans et quatre sur dix âgés de 60 ans et plus. De plus, ceux qui ont un niveau d'éducation de base (30%) sont plus susceptibles de partager cette opinion que ceux qui ont un diplôme secondaire (15%) ou supérieur (9%). Environ un quart (27%) des musulmans marocains estiment que la loi devrait être entièrement (12%) ou principalement (15%) établie sur la base de la charia. Au lieu de cela, une majorité (32%) disent que la loi devrait être fondée de manière égale sur la charia et la volonté du peuple, tandis que 21% pensent qu'elle devrait s'appuyer principalement sur la volonté du peuple et 15%, qu'elle devrait être entièrement basé sur ce que les gens préfèrent. L'appui à l'adoption de lois fondées essentiellement ou entièrement sur la charia a diminué de 9 points depuis 2016. Les musulmans marocains plus jeunes et mieux éduqués sont moins susceptibles de préférer les lois fondées sur la charia. Seuls 17% des 18-29 ans partagent ce point de vue, contre près de la moitié (47%) des 60 ans et plus. Dans le même temps, 37% des personnes ayant une éducation de base disent que la loi devrait au moins suivre essentiellement la charia, contre 20% de celles possédant un diplôme secondaire et 13% de celles possédant un diplôme universitaire. Evolution du taux de personnes qui croient que les chefs religieux devraient avoir une influence sur les décisions du gouvernement Notes : Estimations pondérées (2010, 2013, 2016, 2018) ; Estimations non pondérées (2006) Source : Arab Barometer