Sahara marocain : fin de partie pour la MINURSO ?    La promotion de l'Agenda Femmes, Paix et Sécurité au centre des priorités de la Présidence marocaine du CPS de l'UA    Brésil : le Sénat vote la suppression du visa pour les touristes américains, australiens et canadiens    L'économie marocaine parmi les plus prometteuses et dynamiques en Afrique    Royal Air Maroc élue meilleure compagnie aérienne reliant l'Espagne au continent africain    Infrastructures hydrauliques : le Maroc réalise un investissement de 143 MMDH    Le Maroc, un bastion de sécurité face aux menaces terroristes croissantes    De nombreux glaciers ne survivront pas à ce siècle, selon les climatologues de l'ONU    L'Eurafrica Trail revient au Maroc le 2 novembre pour une 10è édition    « L'impressionnant Maroc en pole pour le Mondial » (FIFA)    Ramadan 2025 : Le montant de Zakat Al Fitr fixé à 23 DH par personne    Températures prévues pour le samedi 22 mars 2025    Le Maroc et les Etats-Unis tiennent des manœuvres de forces spéciales    La frégate marocaine Sultan Moulay Ismaïl entre en cale sèche aux Pays-Bas après une halte au large du détroit de Douvres    Nouvelle suspension du trafic maritime entre Tarifa et Tanger    L'armée marocaine adoptera des versions du WhAP dotées de canons de 105 mm et 120 mm ainsi qu'un modèle sanitaire    Q. CDM 26 / Niger-Maroc: Aujourd'hui, c'est soirée de match !    Prépa. CAN U20: Les Lionceaux vainqueurs des Black Stars    Prépa. Equipe nationale U18: Les Lionceaux s'inclinent face à la Norvège    FTOUR DEBAT DE L'AEI : Nizar Baraka prêche pour un système de santé accessible à tous    Rabat : Soirée religieuse ramadanesque en hommage aux mémorisateurs du Saint Coran    L'Humeur : Dounia Boutazout est plurielle, pas encombrante    L'inflation en légère hausse en février    Placements financiers : fin de l'ère des rendements garantis    Bourse de Casablanca : clôture dans le vert    Contrôles fiscaux : dans les coulisses du ciblage    Football: Le FC Barcelone repousse son retour au Camp Nou    Espagne: L'extrême droite s'attaque à un programme d'enseignement de l'arabe et de la culture marocaine    Fermeture de Heathrow : le patron d'IATA évoque des "manquements" de l'aéroport    Traitement du VIH : le Maroc souhaite introduire de nouvelles molécules    Révision des pensions de retraite : une revalorisation graduelle pour préserver le pouvoir d'achat des anciens fonctionnaires    Programme de rénovation des infrastructures hospitalières : une allocation budgétaire inédite pour la refonte du système de soins    Nouvelle réglementation foncière : une simplification des procédures pour sanctifier la sécurisation des titres de propriété    Épisode 3 - Ramadiet : Quel est le moment idéal pour pratiquer du sport pendant le Ramadan ?    Accord de coopération Maroc-Union européenne : un programme de formation professionnelle doté de 75 millions d'euros    CDH : Un militant sahraoui appelle à en finir avec l'impunité dont jouissent les dirigeants du Polisario    Le temps qu'il fera ce vendredi 21 mars 2025    Le Maroc contracte un prêt de 100 millions d'euros auprès de la KFW pour appuyer sa politique climatique    Soutien aux projets culturels et artistiques pour 2025 : prolongation jusqu'au 25 mars du délai de dépôt des candidatures    Sahara : Les FAR testent avec succès les missiles israéliens PULS    Julien Mesbahi convoqué avec la sélection marocaine U20    Les Lions de l'Atlas bouclent leur dernier entraînement, Igamane et El Hilali sur un nuage    Monia Rizkallah, la virtuose aux mille nuances    Interview avec Ayoub Lahnoud : « "Dem El Mechrouk" est une histoire locale, loin d'une adaptation égyptienne »    Tanger : Adrien Brody, on the road again…    Belgique : Ayoub Gretaa rafle le Prix d'Interprétation au Love International Film Festival de Mons    Comediablanca : Hanane El Fadili et Roman Frayssinet en tête d'affiche pour le 2e acte!    Le cinéaste égyptien Amir Ramsès rejoint le jury du festival de Tétouan    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Michel Serres un indomptable antidogmatique
Publié dans Challenge le 30 - 06 - 2019

Il vient de nous quitter le 1er juin. Né tout juste après la grande crise économique internationale de 1929, un 1er septembre 1930, Michel Serres, philosophe et historien des sciences, a été le témoin de toute une époque. C'est un observateur qui n'est jamais tombé dans le piège des dogmes.
Dès son enfance, au cours de son expérience de scout, ses camarades le qualifiaient de «Renard enthousiaste». Il fit un «faux départ » à l'Ecole navale, mais se rattrapa immédiatement en réussissant le concours de l'ENS, en 1952.
Dès le début de ses études, il établit un pont solide entre les sciences, l'histoire et la philosophie. Après un bref passage au service militaire à la Marine nationale où il est rattrapé par son passé de marin, il entame une carrière universitaire en fréquentant Michel Foucault et Jules Vuillemin. Il enseignera l'histoire des sciences à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l'université John-Hopkins, à Baltimore, aux Etats Unis d'Amérique, pour être ensuite nommé professeur à l'université Stanford, en 1984. De 2004 à 2018, retour au bercail, en France, où il participera chaque dimanche, à la chronique de France Info « Le sens de l'info », avec Michel Polacco.
La nature, pour Serres, doit devenir un sujet de droit, et non plus seulement un objet
Dès le début, Michel Serres a consacré ses réflexions philosophiques aux progrès de la science et de ses effets sur la dimension éthique de l'être humain. Ecartant le déterminisme mécanique de la science, il s'appuie sur le principe de l'incertitude, basé sur la liberté et l'inattendu. Sa thèse de doctorat porte d'ailleurs sur cette problématique déjà abordée par Leibniz. En fait, Serres fait un retour dans la gestation des sciences pour expliquer la complexité du processus de formation de la pensée scientifique et essayer de comprendre les nouvelles formes d'aliénation cachées par un discours prétendument scientifique, mais qui, en fait, fait obstacle à l'esprit innovateur.
Serres a été profondément marqué dans son enfance/adolescence par la « grande boucherie mondiale » qu'a été la deuxième guerre mondiale (1939-1945). Comment la science a-t-elle pu être détournée et mobilisée pour détruire la vie, pour contribuer à l'horreur, au lieu de servir le bonheur humain et permettre le développement d'une « éthique universelle » conformément à l'esprit profond des premiers scientifiques humanistes ?
Serres va en fait plus loin, en posant le concept fondamental de «contrat naturel», à la place du «contrat social». Ce dernier se limite à l'espèce humaine, alors que le premier vise tous les êtres vivants, y compris l'humain. La nature, pour lui, doit devenir un sujet de droit, et non plus seulement un objet. C'est là une grande réconciliation de l'humain avec toutes les composantes de l'univers.
Dans ses réflexions, il n'y a pas de frontières entre la science, la poésie, la magie (…). Il «décloisonne » pour mieux comprendre. Là, le regard scientifique se relativise pour s'enrichir. Dans «Hominescence» (2001), il démontre comment l'habitat devient topologie grâce à l'internet et au portable. La voix se confond de plus en plus avec l'écrit et inversement. M. Serres saisira ainsi les profondes mutations induites sur la vie humaine grâce aux nouvelles découvertes scientifiques et à leurs applications. Un livre jaillira de cette percée intellectuelle: «Petite Poucette», énorme succès d'édition, avec plus de 300.000 exemplaires vendus dans le monde. Il s'agit d'une fable où sont décrits les changements provoqués par la révolution numérique sur le comportement humain. Fantastique est aussi cette inversion du mythe de la caverne platonicienne, où M. Serres dans « Yeux » (2014), incite à voir la nuit étoilée, plutôt que le jour, comme source de notre curiosité à la base de notre quête permanente du savoir, synonyme de lumière.
Le «Grand récit de l'univers», dans le «Gaucher boiteux», tente de retracer toutes les péripéties de l'humanité, en termes d'innovations, de bifurcations et d'inventions. Copernic, Galilée, Darwin, Wagener (…) illustrent bien ce cheminement intellectuel non linéaire. L'histoire n'est rien de plus que ce récit communément partagé par l'espèce humaine naviguant parmi d'autres espèces.
Tout inventeur est un gaucher boiteux
En effet, toute invention suppose par essence une sortie des sentiers battus, une rupture avec le conformisme.
«Penser c'est inventer, pas imiter, ni copier !». Certes au début, l'apprentissage des savoirs exige un commencement par l'imitation, mais sans aboutir à un «enfermement». L'esprit doit rester constamment ouvert. La flamme de la curiosité et de la critique doit rester allumée en permanence.
La philosophie de M. Serres, présente dans ses soixante ouvrages, nous invite à rejeter les dogmes, à aimer la vie, voire à la savourer, pour ne pas regretter de la quitter.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.