Le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Salaheddine Mezouar, a tenu un point de presse pour expliquer ses orientations stratégiques dans un contexte de tensions qui mettent de la pression au sein de l'organisation patronale. Caractérisé par un ton serein et un sentiment d'amertume, son discours porte sur la défense de ses choix face aux critiques de ses détracteurs. La sortie médiatique du président de la CGEM a eu pour objectif d'expliquer et clarifier certaines décisions et positions prises ces derniers temps. Les opposants à la méthode Mezouar lui reprochent un manque de communication sur des sujets importants, notamment le projet de loi de Finances, la démission d'Ahmed Rahhou ou encore la polémique suscitée depuis le mois dernier par l'imposition de l'ICE et la facturation électronique aux commerçants. Lire aussi https://www.challenge.ma/ice-et-facturation-la-reaction-de-mezouar-103539/ Salaheddine Mezouar a fixé deux objectifs pour cette rencontre : le premier c'est de « faire entendre notre lecture de tout ce qui a été commenté, de ce que la CGEM a vécu pendant les six derniers mois et le deuxième c'est de présenter les nombreux chantiers, sur lesquels nous travaillons depuis notre élection ». Mezouar est parti du constat que « la CGEM étant passée par une époque de candidatures uniques où il n'y avait pas de remous ni de mouvements, notre élection a dû laisser des traces ; les résultats n'ont pas été digérés et ils ne le sont pas jusqu'à aujourd'hui », lance-il. « Notre style et notre méthode soit ils ne sont pas compris ou ils ne sont pas acceptés et dans les deux cas il y a un problème », a-t-il ajouté. Il a affirmé que malgré la volonté de laisser espacer pour une période de deux mois la date de l'élection et celle du premier conseil d'administration, en vue de laisser digérer les résultats, apaiser les esprits, faire en sorte que cette ambition de l'inclusivité et cette capacité à accepter des règles que la CGEM doit entériner n'a pas été suffisante pour tourner la page ». Ainsi, le président de la CGEM défend vigoureusement sa démarche d'ouverture, d'inclusivité et de renouvellement des élites. Il a fait part de sa conviction qu'une organisation comme la CGEM, dans le contexte actuel et à l'issue d'une tournée de concertations avec les opérateurs qui a duré un mois, la démarche ne peut être autre que celle de l'ouverture et du renouvellement. « La CGEM n'est et ne doit pas être un club fermé. Mon rôle aujourd'hui c'est d'assurer une organisation qui fonctionne, qui soit pérenne et qui a de l'impact, et pour avoir de l'impact, il faut être le plus représentatif et le plus rassembleur possible », a-t-il signalé. Le patrons des patrons a reconnu un manque de communication mais déplore que ses détracteurs aient préféré régler les problèmes à l'extérieur de l'institution à travers les médias. « Il est vrai que le reste du groupe a été meurtri par cet agissement des détracteurs, mais je les ai contenus, car pour moi, il est hors de question de sortir pour laver le linge sale sur la place publique, le linge sale on doit le laver à l'intérieur du groupe ». Epinglé également pour avoir réservé plus d'intérêt qu'il n'en fallait aux affaires étrangères de l'organisation patronale, selon ses détracteurs, Mezouar a indiqué que « la CGEM est sollicitée à l'international. Elle a ainsi un rôle de plus en plus important à jouer ». Dans ce sens, il a appelé à développer ce volet en proposant de mettre en place une structure à l'international, avec un président et des moyens, notamment un budget, des financements et du sponsoring. « Nous avons besoin d'une CGEM international pilotée par un président qui a l'autorité pour pouvoir la représenter. Autre objet de tension au sein de la CGEM, la réaction au projet de loi de Finances. Sur ce point, l'ancien ministre des Finances a souligné que « la discussion du PLF ne se fait pas après la présentation de la loi de Finances. Mais avant et c'est ce que j'ai fait. J'ai discuté des principes, des orientations qui touchent le monde économique avant la présentation du PLF. J'ai tenu des réunions avec les ministres des Finances sortant et entrant, avec le DG des impôts et celui des douanes. Le président de la CGEM a également abordé la démission d'Ahmed Rahhou, PDG de CIH Bank, de la CGEM. A ce sujet, «beaucoup a été dit et la presse a amplifié les choses. C'est un homme pour qui j'ai énormément de considération et de respect. Il faut respecter les choix de chacun. C'est la vie normale d'une organisation», a-t-il indiqué, précisant qu'il s'interdit de s'expliquer sur le choix d'une personne. Mezouar a par ailleurs évoqué les assises de l'emploi et a appelé à prendre des mesures pratiques et applicables le lendemain et ne pas rester sur des recommandations. De même, il a relevé le rôle important des assises de la fiscalité, précisant qu'il faut donner de la visibilité et de la stabilité au cadre fiscal. Il a enfin proposé de tenir les assises de l'informel avant celles de la fiscalité.