Alors que ses principaux concurrents au Maroc se rangent entre naufragés (à l'instar de la Comarit ou de IMTC) ou éclopés, la Comanav se permet le luxe de choyer son actionnaire français, le groupe CMA CGM, un des leaders mondiaux du transport maritime par conteneurs. En effet, l'ex-compagnie publique privatisée en 2007 convoque son Assemblée générale extraordinaire (AGE) pour les prochains jours afin de décider d'une réduction de capital non motivée par des pertes de plus de 200 millions de DH. Techniquement, l'opération consistera en la réduction de la valeur nominale unitaire de 100 DH à 65 DH. Pour un capital actuel de 651,36 millions de DH, cela reviendra à rembourser le groupe CMA CGM à hauteur de 227,9 millions de DH. Une somme colossale qui viendra s'ajouter à la rémunération ordinaire sous forme de dividendes. Vu que le groupe né à Marseille contrôle presque 100% du capital de la Comanav, la décision au sein de l'AGE s'annonce une simple formalité à moins qu'un des créanciers ne s'y oppose conformément aux dispositions de la loi sur les sociétés anonymes. Il faut rappeler que CMA CGM, qui a transporté en 2017 près de 19 millions de conteneurs (en hausse annuelle de 21,1%), avait déboursé plus de 2,2 milliards de DH pour mettre la main sur Comanav, une compagnie dont l'histoire est indissociable à celle du pavillon maritime marocain. Moins de deux ans plus tard, le nouveau maître des lieux avait déjà touché près de 900 millions de DH à travers la cession à Comarit de la branche de transport de passagers (Comanav Ferry) pour ne garder que celle du fret maritime de marchandises. Selon les observateurs du secteur, en dix ans à peine entre remontée de dividendes, cession d'actifs et réduction de capital, CMA CGM a déjà récupéré l'intégralité du chèque qu'il avait mis sur la table pour rafler la Comanav à l'issue d'un appel d'offres d'international. Qui a dit que les IDE reçus par notre pays était une aubaine pour les réserves de changes du pays ? Mais ceci est une autre histoire.