Le rapport annuel de l'enquête de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme et la xénophobie, remis récemment au premier ministre français, Edouard Philippe, confirme le constat établi l'année dernière sur l'islam et les musulmans qui souffrent d'une perception négative de la part des Français. En effet, si une large part des sondés (73 %) pense que ‘'les Français musulmans sont des Français comme les autres'', cette proportion est en baisse de 7 points, et on note une certaine méfiance à l'égard de la religion musulmane. Ainsi, cette religion n'évoque-t-elle quelque chose de positif que pour 22 % des personnes interrogées (moins 3 points par rapport à l'an dernier). De toutes les religions, c'est l'islam qui suscite le plus d'images négatives, avec un niveau d'opinions positives inférieur de 17 points à celui de la religion juive et de 24points à celui de la religion catholique. L'enquête révèle également que certaines pratiques religieuses suscitent, comme par le passé, des sentiments de méfiance. Le port du foulard continue à poser problème pour 69 % des personnes interrogées. Il en est de même pour la fête de l'Aïd-el-kébir (avec taux stable de 34 %). La proportion des personnes grimpe à 94 % quant il s'agit du port de niqab. Une hausse des taux de méfiance est constatée aussi à l'égard des prières (29 %, + 2 points), peut-être à cause de certains discours assimilant les prières dans la rue à une occupation. On constate donc un rejet des populations musulmanes qui trouve sa source dans l'inquiétude exprimée par les sondés quant à la volonté d'intégration des personnes pratiquant la religion musulmane dans la société française. Le rapport annuel rédigé par des acteurs divers : la CNCDH elle-même, des ministères, des ONG, des chercheurs et des instituts de sondage, confirme par ailleurs, une vision dégradée des relations entre les individus en France et déplore une fragmentation de la société à deux niveaux : économique et sociale d'une part, entre communautés d'autre part. Les personnes interrogées ont le sentiment que Français ‘'d'origine française'' et Français d'origine étrangère se scindent en communautés distinctes qui ne parviennent que difficilement à coexister.