Le rapport de la commission d'enquête indépendante de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA), dévoilé lundi 9 novembre, dénonce les dérives de l'athlétisme russe, réduisant à néant la crédibilité du sport roi des Jeux Olympiques (JO). L'agence y décrit tout un système, au sein duquel les sportifs dopés se retrouvent rackettés par des représentants d'instances officielles en échange de leur silence. En gros, 325 pages où tout le monde est pointé du doigt : gouvernement, fédération et athlètes. L'AMA n'y va pas par quatre chemins. Elle recommande la suspension de la Russie de toute compétition en athlétisme, le retrait de l'accréditation du laboratoire antidopage de Moscou, le remplacement de son directeur , ainsi que la suspension à vie de cinq athlètes-dont la championne olympique du 800 mètres, Maria Savinova- et cinq entraîneurs. L'AMA estime, par ailleurs, que les JO Londres 2002, durant lesquels la Russie s'en est sortie avec 18 médailles (sur 47 épreuves) dont 8 titres pour le pays, ont été « sabotés » par la présence d'athlètes dopés. La Russie sera-t-elle suspendue des prochains JO prévus dans huit mois à Rio? Tout mène, actuellement, à croire que la réponse sera positive. » Pas d'autre conclusion possible » qu'un dopage de l'Etat « Notre conclusion est que tout cela n'aurait pu avoir lieu sans que les autorités n'en aient connaissance et ne donnent leur consentement, implicite ou explicite », a souligné le président de la commission d'enquête indépendane de l'AMA, Richard Pound, lors d'une conférence de presse à Genève. » Si on entend par un dopage d'Etat, consentir et autoriser le dopage, oui, il n'y a pas d'autre conclusion possible: il s'agissait d'un dopage d'état », a-t-il ajouté. Le rapport dénonce un « dopage organisé » et « une culture profondément enracinée de la tricherie ». Il explique que » l'acceptation de la triche à tous les niveaux est étendue et de longue date ». Une culture qui « se transmet des entraîneurs, qui eux-même étaient des athlètes et qui travaillent avec le personnel médical, aux athlètes actuels ». « Les informations révélées par la commission d'enquête indépendante de l'AMA sont alarmantes. Nous avons besoin de temps pour les digérer et en comprendre tous les détails », a affirmé le président de la Fédération internationale d'athlétisme, Sébastien Coe. Ce dernier a donné à la Russie, jusqu'à la fin de la semaine, pour répondre aux accusations à son encontre.Il a également annoncé le lancement de la procédure d'application des sanctions demandées par la commission indépendante. Vu l'ampleur du scandale, Interpol a annoncé le lancement d'une enquête mondiale sur le dopage, qui sera pilotée par la France et le magistrat Renaud Van Ruymbeke.L'organisation internationale de police criminelle a appelé l'opération « Augias ».