Même si les dernières pluies ‘'salvatrices'', ont quelque peu, perturbé la campagne 2015/2016 d'exportation des agrumes, qui a démarré en octobre pour se poursuivre jusqu'en juin 2016, les professionnels restent confiants et reconduisent le système de qualité et de protection du produit Maroc. Il s'agit en effet de bien gérer une production annoncée de quelque 2 Millions de tonnes d'agrumes, selon les chiffres du ministère de l'agriculture, contre une production de 1,9 Million de tonnes l'année dernière, soit une hausse de 6,7 pour cent. Dans le but de jeter davantage de lumière sur les préparatifs en cours pour mener à bien cette campagne, ‘'barlamane.com'' a rencontré Ahmed Derrab, secrétaire général de l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (ASPAM), qui a fait le point sur cette filière. Voici par ailleurs, le texte intégral de l'interview accordée par le responsable de l'ASPAM à barlamane.com : Barlamane.com : Comment se déroule la campagne 2015/2016 d'exportation des agrumes? Ahmed Derrab : Nous sommes en train de travailler sur la campagne 2015/2016, qui a démarré début octobre et se poursuivra jusqu'à juin prochain. Les prévisions qui viennent d'être annoncées par le Ministère de l'Agriculture parlent d'une production globale de 2 millions de tonnes d'agrumes, toutes variétés confondues, contre une production de 1,9 million de tonnes réalisées durant la campagne précédente, soit une hausse de 6,7%. Nous avons déjà commencé, début octobre, la campagne d'exportation avec les premières clémentines précoces. Ensuite, nous allons attaquer avec d'autres variétés de petits agrumes comme la variété Nour… et les oranges tels Navel et les sanguines et nous allons terminer avec les oranges tardives, dites «Maroc late». Cette campagne d'exportation a été légèrement perturbée par les dernières pluies, qui sont bénéfiques, pour le pays. Les vergers sont impraticables dans les principales zones de production, en l'occurrence, le Souss. Les pluies ont également altéré la qualité des fruits et il leur faudra, entre quatre à cinq jour, pour le ré-essuyage afin de leur permettre de se rééquilibrer et de revenir à une bonne qualité. Barlamane.com : Quelles sont les préparatifs mises en place pour cette campagne ? Ahmed Derrab : Pour cette campagne, nous avons reconduit le système d'exportation que nous avons mis en place durant la campagne précédente. Ce système est basé sur deux éléments principaux. Le premier est la régulation du marché, c'est-à-dire, il faut envoyer à chaque marché les quantités qu'il faut pour optimiser la recette des producteurs. Pour ce qui est du second élément, nous avons reconduit les mesures de sauvegarde de la qualité, notamment ceux relatifs au niveau des normes de qualité, des standards d'exportation, en fonction des différents marchés. L'objectif principal est d'assurer une meilleure rentabilité pour les producteurs des agrumes exportés. A défaut, nous risquons d'inonder les marchés avec une offre de qualité non contrôlée, ce qui nuit à la fois à la recette du producteur et à la notoriété du produit Maroc. Barlamane.com : Où se situe le Maroc comparé, à ses concurrents ? Ahmed Derrab : Le Maroc n'est pas le seul pays, à exporter les agrumes durant cette période. Il y a deux types de producteurs, notamment les pays méditerranéens producteurs d'hiver comme le Maroc, l'Espagne, l'Egypte, Israël, la Grèce, l'Italie, la Tunisie dont la campagne commence en octobre et se termine en juin. Il y a ensuite les pays de l'hémisphère sud, comme le Brésil, l'Argentine, l'Afrique de sud, qui produisent les agrumes d'été. Ces derniers entament la campagne à la mi-juin et la terminent en septembre. Dans le monde, sont produit à peu près 110 millions de tonnes d'agrumes chaque année, le Maroc avec sa production de 2 millions de tonnes, représente à peine 2% de la production mondiale. C'est dire que le marché mondial, des agrumes est très concurrentiel. Par contre au niveau des exportations, le Royaume est assez bien placé, et pour le rester nous devons faire très attention en matière de qualité et de quantité, de manière à faire un bon dosage et un équilibrage du marché pour permettre aux producteurs de se retrouver avec une bonne recette devant leur permettre de couvrir les charges de production. Barlamane.com : Quels sont les marchés où les agrumes marocains sont prisés ? Ahmed Derrab : Nous sommes présents dans une trentaine de pays, dont les marchés les plus importants. La Russie est un gros client du Maroc en plus des pays d'Amérique du Nord, dont le Canada et les Etats-Unis, certains pays du golfe et d'autres pays. La campagne précédente, nous avons exporté 35% des agrumes vers la Russie contre 50% les années précédentes. La réduction des quantités vendues, à ce pays n'est pas fortuite. Elle a été menée pour réduire l'impact des risques commerciaux, économiques et politiques sur la filière. Cette politique est menée depuis, deux ans, dans le cadre du comité de coordination des agrumes piloté par le Ministère de l'Agriculture qui se réunit régulièrement pour veiller au bon du déroulement de la campagne. Nous sommes, également, en train de restructurer et rééquilibrer les exportations, en nous repositionnant sur les marchés traditionnels européens. Ainsi, nous avons opéré un retour sur les marchés de l'UE, dans le cadre du Plan Maroc vert, avec l'augmentation de la production. L'Europe a ainsi absorbé, l'année dernière plus 30% de la production nationale. Il y a également l'Amérique du Nord qui représente près de 25% des exportations d'agrumes marocaines. Barlamane.com : Quel est l'impact du Plan Maroc Vert sur la filière des agrumes ? Ahmed Derrab : Le Plan Maroc Vert a boosté le secteur, en introduisant plusieurs mesures. D'abord, en permettant aux professionnels de disposer des terres de bonnes qualités et favorables à la culture des agrumes, dans le cadre du partenariat public/privé à travers la cession des terres de la Sodea/Sogeta. Il y a également les nombreuses aides que l'Etat a prévu, dans le cadre de ce plan, pour accompagner les producteurs, notamment en matière d'irrigation, dont les subventions pour la mise en place des systèmes de goutte-à-goutte qui sont actuellement très répandus et qui permettent une économie de 40% d'eau. L'Etat subventionne, aussi, l'achat des plants auprès des pépinières agréées qui garantissent des produits sains et indemnes de toutes maladies virales. Et ce, en plus de l'accompagnement technique et de l'encadrement du producteur proposé par l'Office national du conseil agricole, créé, il y a deux ans, l'ASPAM et d'autres structures techniques. Le but est de produire des fruits de bonne qualité qui nous permettent d'être compétitifs sur le marché international.