L'affaire Maati Mounjib, l'historien et activiste qui observe depuis plus d'une semaine une grève de la faim pour protester contre la mesure d'interdiction de sortie du territoire qui le frappe, risque de prendre des proportions au point de ternir l'image de tout un pays qui se cherche encore en matière de démocratie et de liberté d'expression. A force de vouloir manier le bâton, tout en brandissant la carotte, les décideurs politiques ne font que jouer le jeu de ceux qui sont aux aguets, toujours prompts à vouer aux gémonies le royaume, à coups d'invectives et de critiques acerbes souvent non fondées. C'est ce que nos dirigeants qualifient de ‘'milieux étrangers hostiles'' à l'égard du Maroc, et ils sont légions, quoiqu'on pense. Mais ne serait-il pas judicieux justement d'éviter qu'on nourrisse ces milieux qui, tels des fauves affamés, cherchent n'importe quel prétexte pour s'en prendre à tout un pays, réduisant ainsi à néant tout effort sur ce chemin parsemé d'embuches qu'est la démocratie. Le cas de Maati Mounjib, auquel les autorités reprochent des irrégularités financières durant la période de sa gestion de la société ‘'Centre Ibn roch pour les études et la communication'', fait et ne fera qu'exarcerber davantage les tensions déjà existantes entre le Maroc et les défenseurs des droits de l'homme qu'ils soient nationaux (dont certains ont commencé une gréve de la faim de 24 heures dimanche au siège de l'AMDH) ou internationaux. Un prétexte de plus qui ne manquera pas d'étoffer des rapports qui viendront, encore une fois, clouer au pilori nos dirigeants et donner une image d'un Maroc On the move mais dans la mauvaise direction. Est-il besoin de citer à cet égard des ONGs telles que Human Rights Watch, Reporters sans frontières (RSF), Amnesty, Freedom House, entres autres, dont les rapports viendront à leur tour inspirer ceux rédigés chaque année par le Département d'Etat, le Foreign office, pour ne citer que ces deux-là. Des rapports qui sont pris en compte aussi bien par le citoyen lambda que par les investisseurs potentiels. Des rapports qui ont fait et qui feront encore la Une des grands journaux dont l'influence sur l'opinion publique n'est pas à prouver, le cas notamment du New York Times qui s'est intéressé, la semaine dernière, à la liberté de la presse au Maroc dans ce qui ressemble à un réquisitoire sous le titre ‘'le gouvernement mène une campagne de répression contre les militants et les journalistes''. Dans cet article ce journal américain, tout en évoquant le cas de Hicham Mansouri , journaliste d'investigation condamné à dix mois de prison pour ‘'adultère'', et de celui de Maati Mounjib, rappelle que Freedom House, continue de classer le Maroc comme pays ‘'pas libre'', quid de RSF qui nous situe à la 130eme position en matière de liberté d'expression, avec des pays tels le Sud Soudan, la Mauritanie ou encore l'Afghanistan. Des rapports qui, bien évidemment sont publiquement balayés d'un revers de la main par nos dirigeants, mais qui, en privé, sont bel et bien pris en compte. L'affaire en cours de Maati Mounjib, justifie-t-elle tout ce vacarme, ou s'agit-il d'un coup de semonce qui pourrait s'avérer inutile, en fin de compte ?