L'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections en Tunisie (ISIE) n'a pas écarté, samedi, la possibilité d'un report des élections municipales, pour le 18 ou 25 mars. Selon une source à l'ISIE, citée par les médias locaux, les nouvelles dates de ces élections, prévues initialement le 17 décembre, seront annoncées lors de la réunion que tiendra l'Instance lundi avec la participation des représentants des présidences de la république, du gouvernement et de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), ainsi que des partis politiques. Dimanche, le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a relevé que ces élections seront probablement reportées, au mois de mars, une date qui sera, éventuellement annoncée par l'ISIE. Le responsable a ajouté que son parti au gouvernement, qui était contre ce report, a accepté cette décision pour des « raisons objectives ». Il a, toutefois, souligné que son parti est pour la fixation d'une date précise des élections, faisant savoir que la prochaine séance plénière de l'ARP se tiendra mercredi prochain pour combler les vacances dans la composition de l'ISIE, une condition sine qua non pour la tenue de ces échéances électorales. Un collectif de partis politiques comprenant « Al Joumhouri », « Machrou3 Tounes », « Al Badil Ettounsi », « Al Jomhouri », « Afek Tounes », « Al Massar », « Al Watan Al Mouwahad », « Parti du Travail National Démocrate » et « Tounes Awalan », avait appelé, début septembre, au report de ces élections municipales. D'après ce collectif, « les conditions nécessaires sur les plans administratif, logistique et juridique ne sont pas encore réunies » pour l'organisation de ces échéances. Dans une déclaration commune, ces partis appellent le parlement à tenir une session extraordinaire pour combler les vacances dans la composition de l'ISIE et à adopter le code des collectivités locales. Ils exhortent le gouvernement à publier les textes d'application et à installer les instances judiciaires et financières régionales, à préparer l'administration et à prévoir des mécanismes de coordination entre divers intervenants dans le processus électoral. Les signataires soulignent également l'importance qu'il y a de mobiliser les ressources financières nécessaires aux municipalités, conformément au nouveau code des collectivités locales, dans le cadre de la loi de finances 2018 et d'établir un échéancier pour chaque mesure avant l'appel officiel aux élections. Ils ont, en outre, fait part de leur disposition à négocier avec toutes les parties concernées pour garantir le succès des élections municipales n'écartant, toutefois, pas leur mobilisation pour le report de cette échéance politique au plus tard au mois de mars 2018. Pour Issam Chebbi, secrétaire général du parti « Al joumhouri », les partis ne sont pas prêts à entrer dans une « aventure électorale ». La date du 17 décembre « n'est pas adéquate. Elle est caduque » en raison du retard enregistré dans l'adoption du code des collectivités locales, la vacance à la présidence de l'ISIE et les lacunes persistantes au sein des tribunaux administratifs qui ne pourront pas trancher dans les possibles recours durant les élections sans oublier la neutralité de l'administration, explique Chebbi dans des déclarations à la presse. Pour sa part, Yassine Brahim, chef d' »Afek Tounes », membre de l'actuelle coalition gouvernementale, a indiqué que « fin mars nous paraît une bonne date » pour la tenue de ces municipales. Il a relevé que son parti « a des doutes sur la capacité de l'ISIE à organiser ces municipales dans de bonnes conditions ». Il a précisé que ces élections ne peuvent se tenir sans combler les postes vacants au sein de l'ISIE et sans l'adoption au Parlement d'un code électoral permettant l'organisation administrative et financière des municipales. De son côté, Mohamed Ali Toumi, porte-parole du parti « Al Badil », présidé par l'ancien Premier ministre Mehdi Jomaa, a souligné qu'il est impératif de « garantir la neutralité de l'administration surtout au niveau local ». « Il est nécessaire de mettre en place un calendrier pour préparer les élections sachant que nous devons faire face à d'énormes défis qui sont d'ordre économique et non politique », a-t-il expliqué. Pour Watfa Belaïd, présidente du comité central de « Machrou3 Tounes », la date choisie par l'ISIE n'a pas été acceptée dès le départ par 11 partis. Elle a précisé que « ni le gouvernement, ni l'ISIE ne sont prêts pour ces élections ». « Nous demandons à ce que cette date soit reportée tant que les conditions nécessaires ne sont pas réunies », a-t-elle insisté.