Le nouveau gouvernement tunisien a obtenu dans la nuit de lundi à mardi la confiance de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP). Ce vote est intervenu pour accorder la confiance de l'ARP aux 18 ministres et secrétaires d'Etat proposés par le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed dans le cadre du dernier remaniement ministériel, annoncé le 5 novembre dernier. Pour obtenir cette confiance de l'Assemblée, chaque membre du nouveau gouvernement devait obtenir l'approbation de la majorité absolue des membres (109 voix). Suite à ce remaniement, le président tunisien Béji Caïd Essebsi avait affirmé qu'il « désapprouve » la démarche de Youssef Chahed qui ne lui a pas accordé le temps nécessaire pour connaitre les nouveaux ministres. « La situation n'est pas bonne », selon Caïd Essebsi, qui regrette ceux qui réduisent la mission du président de la République au travail de « facteur ». En tant que président de la République « je suis au dessus de tous et le seul élu directement par le peuple », a-t-il insisté. « Si le chef du gouvernement ou encore un gouvernement de l'ombre veut opérer un remaniement sans me consulter, c'est une autre affaire », a soutenu le président tunisien, avant d'ajouter qu'il exerce ses responsabilités en tant qu'homme d'Etat et qu'il refuse de tomber dans la médiocrité. Le bloc parlementaire de Nidaa Tounes a décidé de boycotter cette séance plénière de l'ARP en raison de « l'incapacité du gouvernement de mettre en œuvre les décisions prises lors des séances plénières, en particulier la décision de ne pas prolonger le mandat de l'Instance Vérité et Dignité en mars 2018 ». D'après son président, Sofiene Toubel, le bloc se contentera de son rôle législatif et de contrôle au sein des commissions parlementaires et dans les régions. « Le remaniement proposé ne concerne pas le peuple tunisien qui souffre de la crise économique, un remaniement qui n'a concerné aucun ministère à dimension économique ou sociale », a critiqué Toubel, précisant que Nidaa Tounes ainsi que les partis politiques et les partenaires sociaux qui avaient précédemment ratifié le document de Carthage n'avaient pas été consultés au sujet de ce remaniement. Selon lui, Nidaa Tounes n'est pas représenté dans la nouvelle composition proposée par Youssef Chahed. De son côté, le secrétaire général du parti Al-Joumhouri, Issam Chebbi a déclaré que ce remaniement ministériel partiel n'augure d'aucun changement au niveau de l'action politique et des programmes et ne constitue qu'un moyen par lequel l'actuel gouvernement cherche à rester au pouvoir. Al-Joumhouri avait proposé une carte politique de l'étape actuelle dont les grandes lignes consistent en un gouvernement limité à 15 ministres, l'ajustement des prix, la préservation du pouvoir d'achat, le contrôle des circuits de distribution, l'approvisionnement du marché en produits de base, la lutte contre la contrebande, la spéculation et la corruption. Pour Chahed, qui avait opéré ce remaniement ministériel partiel touchant 13 ministères et 5 secrétariats d'Etat, après une année de sa formation, « les forces de corruption n'ont, de cesse, œuvré à entraver l'action gouvernementale, parfois d'une manière directe et d'autres en coulisses, sous couvert d'autres noms et de personnalités ». Ces forces, a-t-il expliqué, qui s'emploient à mettre un terme à la lutte contre la corruption en détournant l'attention de l'opinion publique vers des batailles marginales et en œuvrant à saper les efforts de ceux, animés d'intentions sincères, mènent la guerre contre la corruption. » La démocratie et la corruption ne coexistent pas et nous ne pouvons parler d'un Etat juste dans une société où la corruption est endémique », a-t-il déclaré, affirmant que son gouvernement poursuivra la guerre contre la corruption. Il a également indiqué que « la guerre contre la corruption sera difficile et de longue haleine, car les lobbies et les forces de corruption ne croiseront pas les bras et tenteront de défendre leurs intérêts ». Pour lui, vaincre la corruption exige, en plus de l'action du gouvernement, la contribution du pouvoir judiciaire dans le cadre des attributions qui lui sont conférées par la Constitution, ainsi que celle de la société civile et des citoyens qui doivent lutter contre la corruption, ne pas la tolérer et la dénoncer. « Réduire la corruption est tributaire d'une volonté politique, d'un cadre législatif et d'une efficacité judiciaire. Le citoyen est aussi appelé à faire face à toutes les tentatives de corruption. Si nous réaliserons toutes ces étapes, nous aurons atteint un stade avancé pour gagner définitivement cette guerre », a relevé Youssef Chahed.