L'ONG Security Council Repport (SCR), spécialisée dans les coulisses de l'ONU, a révélé ce vendredi les subterfuges auxquels ont eu recours les séparatistes du Polisario qui ont tenté, jusqu'à la dernière minute, de mener en bateau le Conseil de sécurité réuni depuis hier pour voter une résolution sur la prorogation du mandat de la Minurso, et sur le Sahara sur la base du rapport du Secrétaire général, le portugais Antonio Guterres. Le projet de résolution, parrainé par Washington, appelait les séparatistes du Polisario à se retirer « immédiatement et sans conditions » d'El Guergarat, à l'instar du Maroc qui avait unilatéralement pris la décision, le 27 février, de se retirer de cette zone tampon située ente le Sahara marocain et la Mauritanie. Les russes et les uruguayens notamment, ont jugé que le paragraphe appelant au retrait du Polisario n'était pas « équilbré », d'où la prolongation du débat jusqu'à vendredi. A en croire le SCR, ce n'est que jeudi après-midi que le Polisario a transmis, à travers le représentant de la Namibie, une lettre au Conseil de sécurité l'informant qu'en « réponse aux appels de pays amis », il (le Polisario) « a pris la décision de redéployer les éléments des forces armées » présents à El Guergarat en violation flagrante des termes du cessez-le-feu de 1991. Suite à cela, le représentant des Etats-Unis a informé les membres du Conseil qu'il attendrait une confirmation de la part de la Minurso de ce retrait du Polisario avant de faire distribuer un texte révisé dans l'après-midi de jeudi. Toujours selon le Security Council Report, le représentant du Maroc a réagi en affirmant qu'un qu' »un simple redéploiement » ne constitue nullement un retrait du Polisario, exprimant l'espoir que ni la Minurso ni le la DPKO « ne croient en cette mascarade », et soulignant que le Maroc ne reconnaîtra aucune vérification d'un tel redéploiement de la part de la Minurso. Selon le CSR, lorsque le projet de résolution a fait l'objet de discussions, l'Uruguay et la Bolivie avaient indiqué qu'ils ne pouvaient accepter une condamnation du Polisario. D'autres pays, y compris l'Ethiopie, le Kazakhstan, la Russie, la Suède et le Royaume Uni, entres autres, ont estimé que le terme « condamnation » était trop fort. Plusieurs formules avaient alors été proposées par plusieurs membres du Conseil, notamment le Sénégal qui a suggéré l'option la plus forte de « condamne fortement » le Polisario. Lors des consultations mardi dernier, l'Uruguay s'était demandé pourquoi la diplomatie silencieuse préconisée par les membres du Conseil suite à l'expulsion par le Maroc de la composante civile de la Minurso n'a pas éte employée dans ce cas précis, et pourquoi la résolution de l'année dernière donnait un délai de 90 jours au Maroc pour revoir sa décision ( de se déployer à El Geurgarat ») alors que pour le Polisario, ce délai a été fixé à 15 jours seulement (pour se retirer). Ce à quoi, le représentant du Sénégal a répondu en affirmant que la diplomatie silencieuse est un instrument réservé aux « membres de la communauté internationale », et que le Conseil de sécurité doit se faire l'écho de l'appel du Secrétaire général « exhortant le Polisario à se retirer », afin d'envoyer un message clair aux séparatistes. Par ailleurs, l'autre question source de difficulté, est la référence aux propositions politiques de chaque partie. Dans la résolution de l'année dernière, le paragaraphe 9 prenait note de la proposition d'autonomie de 2007 et des « efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus vers une solution », tout en prenant note de la proposition du Polisario de 2007. A cette époque, souligne l'ONG, et encore une fois à présent, la Russie considérait au sein du Groupe des Amis (du Sahara) que ce langage d'efforts sérieux et crédibles du Maroc était dépassé et envoyait un mauvais message politique. Cependant, la France s'est opposée au changement de ce langage et le texte distribué à tois les membres saluait l'effort crédible et sérieux du Maroc, prenant à peine note de la proposition du Polisario. Lors des discussions, l'Uruguay a estimé que ce texte n'était pas équilibré, suggérant par conséquent le rappel des propositions des deux parties tout en omettant le passage sur les efforts marocains. La Russie a soutenu cette proposition alors que plusieurs pays, y compris la Chine, l'Egypte, l'Ethiopie, l'Italie, la Suède et le Royaume Uni ont demandé le maintien du langage exprimé dans le texte précédent. Un autre point de désaccord, est la pleine fonctionnalité de la Minurso après l'expulsion par le Maroc de la composante civile de cette mission onusienne chargée de superviser le cessez-le-feu conclu en 1991. Alors que le secrétaire général de l'ONU dit prendre note de la décision du Maroc de recevoir 17 membres de la Minurso début avril, l'Uruguay a proposé que l'on exprime le regret face à la décision unilatérale du Maroc d'expulser le personnel de ladite mission, soulignant l'importance du retour à une pleine fonctionnalité, et demandant au secrétaire général de briefer le conseil dans un délai de 90 jours. Les Etats-Unis ont estimé que si la question d'une pleine fonctionnalité devait être soulevée, alors le problème de savoir si elle devait être saluée nécessiterait d' être abordé. Il semblerait, selon le SCR, que plusieurs membres dont l'Egypte, l'Italie, le Kazakhstan, le Sénégal et la Suède ont exprimé leur accord avec la position américaine, ce qui fait que la question de pleine fonctionnalité n'était pas comprise dans le projet de résolution de jeudi. Lire aussi: Le « Front Polisario » dément avoir retiré ses éléments d'El Guergarat – Annonce par le Polisario de la réduction de ses « combattants » à El Guergarat: geste de « bonne volonté » ou recours au chantage ?