Le point de passage du Tarajal II, réservé aux porteurs ou femmes-mulets comme on les surnomme, a fait sa première victime. Il s'agit d'une jeune femme de 21 ans, mère d'une petite fille. Elle vient dé décéder après avoir été grièvement blessée jeudi dernier lors de la rué de centaines de ces porteurs de marchandises de contrebande. Souad a succombé à ses blessures, tôt dans la matinée de lundi, à l'hôpital de Tétouan où elle avait été évacuée de celui de Fnideq à cause de ses blessures graves. Elle a été enterrée dans l'après-midi à Fnideq, son lieu de résidence. Cette jeune femme qui laisse derrière elle un bébé de 5 mois, est morte écrasée par la foule du coté marocain du point de passage de Sebta. Ce jeudi là, des centaines de porteurs hommes et « femmes-mulets » attendaient pour accéder au préside occupé afin de se procurer la marchandise de contrebande. A en croire le site « El Espanol », c'était sa la première fois que cette jeune femme voulait servir de porteur en remplacement de son mari qui se trouvait « indisposé ». Elle devait effectuer cette tâche car le couple avait besoin d'argent pour payer la facture de l'eau et de l'électricité. Un commerçant a expliqué à El Espanol que le jour de l'accident, le 23 mars, il y avait plus de 6.000 porteurs en attente du coté marocain de la frontiere, « au milieu de disputes et de cris ». Les autorités marocaines avaient alors fermé provisoirement le passage pour mieux réguler le flux de ces porteurs que leurs homologues espagnoles avaient limité à 4.000 par jour. La presse espagnole fait également état d'une femme-mulet qui a perdu quatre doigts ce même jour, et avant elle, quelques jours plutôt, un porteur avait, lui aussi, perdu deux doigts arrachés par une barrière à laquelle il s'agrippait. La jeune Souad devient ainsi la première victime tant redoutée depuis l'ouverture du nouveau passage Tarajal II réservé aux porteurs hommes et femmes. Sa mort rappelle celle de deux autres femmes ayant perdu la vie en 2009 lors d'une avalanche de porteurs qui avaient pris d'assaut l'ancien passage.Il s'agit de Zohra (53 ans) et Bouchra, (32 ans), originaires de la province de Tétouan. Elles avaient perdu la vie asphyxiées à l'ancien passage de Biutz à Sebta. Une autre femme, Zafia Azizi, avait également trouvé la mort en 2008 dans de pareilles circonstances à Melillia. Selon El Espanol, la limitation à 4.000 du nombre de porteurs par jour, mesure décidées par les autorités des deux pays, et la fermeture intermittente du point de passage, ont fini par provoquer cette tragédie. L'Association « Pro Derechos Humanos de Andalucía » a publié mardi un communiqué exigeant l'ouverture d'une enquête. Pour sa part, le dirigeant de la coalition de partis Caballas, Mohamed Ali a exigé des gouvernements espagnol et marocain « une position claire » à l'égard de ce trafic des marchandises entre Sebta et le Maroc, appelant les autorités des deux pays à prendre des mesures à même de garantir aux porteurs homme et femmes « la dignité et le respect des droits de l'homme », « autrement, a-t-il ajouté, cela ne vaut pas la peine », allusion à ce commerce informel. Selon lui, « le gouvernement d'Espagne ne peut rester impassible face à une tragédie de cette nature, même si elle a eu lieu hors de nos frontières, et Sebta ne peut garder le silence et regarder ailleurs (..). Par ailleurs, les autorités espagnoles ont commencé depuis lundi à distribuer des cartes avec des numéros aux porteurs dont le nombre a été limité à 4.000 afin de mieux réguler le flux. Chaque porteur doit ainsi étre muni de cette carte remise par les agents de sécurité à l'entrée mais qui doit être restituée à la sortie pour éviter qu'on lui confisque la marchandise destinée au Maroc. Selon la presse locale, sur les 4.000 cartes imprimées, seules 800 ont été distribuées lundi.