La justice française a jugé recevables les enregistrements-clé contestés dans l'affaire des deux journalistes français poursuivis pour chantage à l'égard du roi Mohammed VI, a-t-on appris aujourd'hui de sources concordantes. Catherine Graciet, 42 ans, et Eric Laurent, 69 ans, ont été inculpés pour chantage et extorsion de fonds. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu extorquer trois millions d'euros au roi en 2015, en échange de l'abandon d'un livre censé contenir des révélations gênantes pour Rabat. Les deux journalistes avaient été interpellés le 27 août 2015, en possession de 80.000 euros en liquide, au sortir d'une réunion avec un émissaire du Maroc, enregistrée à leur insu par leur interlocuteur. Eric Laurent avait déjà été enregistré lors de deux rencontres précédentes avec cet émissaire, l'avocat Hicham Naciri. Dans son arrêt, la cour d'appel de Reims (est) reconnait « qu'il n'était pas de la responsabilité des enquêteurs de dissuader les plaignants de recourir à des enregistrements dont la légalité était justifiée par l'état de nécessité », se sont félicités dans un communiqué Eric Eric Dupont-Moretti et Ralph Boussier, avocats du Royaume du Maroc. Les avocats des deux journalistes, qui reconnaissent un accord financier mais réfutent tout chantage, demandaient l'annulation des enregistrements des deuxième et troisième rencontres, au motif qu'ils sont « illégaux » car réalisés par l'émissaire marocain alors même qu'une enquête était déjà ouverte. L'arrêt de la cour d'appel va à l'encontre d'une décision de la Cour de cassation les mettant en cause le 20 septembre. Selon les deux avocats, la Chambre criminelle de la Cour de Cassation avait cassé l'arrêt de la Chambre d'instruction de la Cour d'Appel de Paris, le 21 septembre 2016, au motif qu'il y avait eu une participation indirecte de la police judiciaire à la réalisation des enregistrements qui accablent Catherine Graciet et Eric Laurent en établissant fidèlement le processus de chantage et de tentative d'extorsion de fonds qu'ils avaient mis sur pied.