Le commissaire européen chargé du climat et de l'énergie, l'espagnol Miguel Arias Cañete a fait une lecture zélée de l'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) concernant l'accord agricole Maroc-UE en affirmant que l'UE tiendra «dûment compte du statut distinct et séparé du territoire du Sahara occidental selon le droit international». Cañete répondait à une question parlementaire sur la mise en œuvre de la déclaration commune, signée le 17 novembre dernier à Marrakech entre le Maroc, l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Portugal en marge de la COP22, visant à élaborer une feuille de route pour l'échange d'électricité renouvelable. Donnant du grain à moudre aux adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume, le responsable européen enfreint ainsi une ligne de conduite bien connue de l'Union européenne concernant la question du Sahara qui consiste à ne pas s'immiscer dans ce processus régi par l'ONU. La doctrine européenne a d'ailleurs été réitérée tout récemment devant la commission des affaires étrangères du parlement européen par Nicholas Westcott, Directeur général Afrique du Nord et Moyen Orient du service d'action extérieure de l'UE qui a affirmé que l'UE n'a pas vocation à s'ingérer dans un conflit géré par les Nations Unies auquel elle espère un règlement sur la base d'une solution politique juste et mutuellement acceptable par les parties, avec l'avènement du nouveau secrétaire général, Antonio Guterres. Tombant dans le piège de quelques eurodéputés acquis aux thèses séparatistes, le commissaire européen a laissé libre cours à ses sentiments, par ailleurs connus sur la question, en allant dans le sens d'un agenda qui ne sert ni les intérêts du Maroc, ni ceux de l'Union européenne. L'ambassadeur algérien à Bruxelles, qui cherche une promotion dans son pays en multipliant ces derniers temps ses sorties médiatiques anti-marocaines, n'a d'ailleurs pas caché sa jubilation suite à cette déclaration qu'il considère comme étant « inédite » et qui « instaure un nouveau positionnement politique et juridique » de l'UE sur la question du Sahara. Visiblement dépité par les succès de la diplomatie marocaine en Afrique, l'ambassadeur algérien a saisi cette occasion pour déverser une nouvelle fois son fiel sur le Maroc et ses institutions, mais surtout théoriser sur une «nouvelle jurisprudence européenne» tendant à exclure le Sahara des accords internationaux du Maroc, une chose que la Cour de justice de l'UE n'a à aucun moment demandé. Mais que cache en réalité la sortie d'Arias Cañete au nom de la Commission européenne ? Pour quelle raison contribue-t-il aujourd'hui à la cabale orchestrée au Parlement européen et par les officines douteuses entretenues par Alger contre le Royaume ? Est-il surtout en position de donner des leçons sachant qu'il traîne des casseroles au sujet desquelles il n'a jamais daigné rendre compte ? Nommé en 2014 à son poste de commissaire au sein de l'exécutif européen, Miguel Arias Cañete a été largement critiqué pour sa proximité avec l'industrie pétrolière. Le site ledesk.ma révèle que le nom de ce dernier est également apparu dans une enquête pour détournement de fonds au sein de la société espagnole "Eaux des bassins méditerranéens" (Acuamed), dépendant du ministère espagnol de l'Agriculture, dont il détenait le portefeuille pendant la période examinée par la justice espagnole, sans compter un problème de conflit d'intérêts, rapporté par la presse espagnole, entre l'activité agricole de membres de sa famille, qui ont bénéficié de subventions à l'élevage de taureaux destinés à la tauromachie décidées par l'UE alors qu'il était ministre de l'Agriculture dans son pays. Le très controversé Arias Cañete avait fait, au passage, l'objet d'une large pétition (580.000 signatures) adressée au Parlement européen pour ne pas cautionner sa nomination à Bruxelles. La Commission européenne est appelée aujourd'hui à éviter le double langage et à clarifier sa position quant aux déclarations tendancieuses de l'un de ses membres qui ne servent en rien la volonté, moult fois répétée par les responsables européens, de tourner la page de l'arrêt du tribunal de l'UE, d'entrevoir l'avenir avec optimisme et sérénité et de préserver surtout le «partenariat privilégié» qu'ils entretiennent avec le Maroc.