Le Maroc a engagé une procédure d'appel d'offres internationale afin de confier à un opérateur privé la gestion, pour une période de trente ans, du plus grand chantier naval du continent africain, récemment achevé dans la ville portuaire de Casablanca, a rapporté l'agence Bloomberg. Selon les informations relayées par le média économique, l'Agence nationale des ports (ANP), établissement public en charge du réseau portuaire national, a publié plus tôt cette semaine l'appel à manifestation d'intérêt, en quête d'acteurs spécialisés disposant d'une expertise avérée dans le domaine de l'exploitation de chantiers navals. Le site, qui s'étend sur 52 acres, a mobilisé un investissement de 300 millions de dollars. Il œuvre à capter une part du trafic destiné aux infrastructures européennes, souvent saturées, tout en répondant aux besoins techniques des navires africains en transit vers l'Europe, rapporte Bloomberg, citant Abdellatif Lhouaoui, directeur de la communication de l'ANP. Avant ce projet, le Maroc ne disposait que de structures modestes, notamment à Casablanca et Agadir, principalement tournées vers l'entretien des flottes de pêche. Désormais, le nouveau complexe sera en mesure d'accueillir des navires de commerce, des bâtiments militaires et des unités de pêche industrielle. Il comprend notamment un bassin de radoub de 244 mètres de long sur 40 mètres de large ainsi qu'un élévateur à navires capable de soulever des unités jusqu'à 9 000 tonnes. Toujours d'après la même source, M. Lhouaoui a souligné que cette nouvelle infrastructure permettrait au Maroc d'assurer l'entretien de ses navires militaires sur son propre sol, évitant ainsi les dépenses en devises nécessaires à leur maintenance à l'étranger — un atout non négligeable pour un pays confronté à un déficit commercial persistant. Il a par ailleurs précisé que les soumissionnaires auront la possibilité d'inclure un volet de construction navale dans leurs offres. «C'est une activité spécialisée que les candidats peuvent entièrement proposer», a-t-il déclaré à Bloomberg lors d'un échange téléphonique. «Nous souhaitons reproduire la réussite observée dans l'industrie automobile.» Le royaume chérifien s'est hissé au rang de premier exportateur de véhicules en Afrique grâce à l'installation des groupes Renault et Stellantis, séduits par des coûts salariaux compétitifs, une infrastructure logistique moderne et un climat politique stable, conclut Bloomberg.