En 2023, les flux commerciaux entre le Maroc et le Nigeria ont atteint un volume global de 152,6 millions de dollars américains (environ 1,49 milliard de dirhams marocains), révélant une contraction simultanée des exportations des deux partenaires et soulignant un déséquilibre structurel dans la balance bilatérale. Selon les dernières données consolidées, le Nigeria a exporté vers le Maroc pour 43,6 millions de dollars (environ 426 millions de dirhams), en baisse de 20,3 % sur cinq ans, son principal produit étant le son de céréales, représentant à lui seul 23,9 millions de dollars (233 millions de dirhams). Suivent le verre plat (6,72 M$) et les fibres synthétiques non transformées (4,68 M$). Cette tendance à la baisse, évaluée à un taux annuel moyen de -4,42 % depuis 2018, reflète la vulnérabilité d'un commerce dominé par des produits semi-transformés ou à faible valeur ajoutée. En contrepartie, le Maroc a expédié vers le Nigeria pour 109 millions de dollars (1,07 milliard de dirhams), soit une diminution annuelle moyenne de -9,48 % sur la même période. Ce repli, plus marqué, s'explique malgré l'essor d'exportations à forte intensité industrielle, notamment les engrais chimiques ou minéraux (62,4 M$ / 609 MDH), les poissons transformés (27,5 M$ / 268 MDH) et les épices (2,88 M$ / 28 MDH). Le solde commercial reste nettement favorable au Maroc, avec un excédent supérieur à 65 millions de dollars (près de 635 millions de dirhams), mettant en lumière une asymétrie récurrente dans les structures productives et les capacités d'exportation. Du point de vue de la sophistication économique, l'indice de complexité productive (ECI) classe le Nigeria au 129e rang mondial (score : -1,75), tandis que le Maroc se situe au 79e rang (score : -0,36). Ce différentiel illustre l'écart de diversification industrielle et technologique entre les deux nations. En matière de produit intérieur brut par habitant, l'écart est également notable : 1 600 dollars pour le Nigeria (15 650 dirhams), contre 3 770 dollars pour le Maroc (36 890 dirhams). En dépit d'un potentiel régional considérable, les relations économiques entre Abuja et Rabat semblent aujourd'hui affectées par une forme d'inertie structurelle, que ni la proximité géographique ni les aspirations stratégiques ne suffisent encore à surmonter.