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Lourds droits compensateurs européens sur les roues en aluminium marocaines : une décision contre l'empreinte chinoise, de plus en plus prégnante, mais c'est Rabat qui encaisse
L'Union européenne a décidé d'imposer d'importants droits compensateurs sur les roues en aluminium fabriquées au Maroc, une mesure que nombre d'analystes perçoivent comme une réponse à des équilibres commerciaux mondiaux plutôt qu'un simple contentieux bilatéral. Par le règlement d'exécution n° 2025/500, publié le 14 mars, la Commission européenne a établi des surtaxes à l'encontre de certains producteurs marocains, après avoir conclu à l'existence de subventions jugées indues. Dika Morocco Africa (DMA) est désormais soumise à une taxe de 31,45 % tandis que Hands 8, basée à Tanger, se voit appliquer un droit de 5,60 %. Le ministère marocain de l'industrie et du commerce a précisé que cette décision est consécutive à une enquête enclenchée le 16 février 2024 à la requête de l'Association européenne des fabricants de roues (EUWA). L'organisation avait saisi les autorités bruxelloises, soutenant que les industriels marocains bénéficiaient d'avantages publics altérant les règles de concurrence et nuisant aux producteurs européens. Les entreprises concernées par ces mesures incluent, outre Hands 8, le groupe DMA et plusieurs de ses filiales, présentes tant au Maroc qu'en Chine. Parmi elles figurent Dika Morocco Castings (DMC) à Kénitra, ainsi que CITIC Dicastal et ses différentes entités établies en Chine (RPC) et à Hong Kong. Une progression fulgurante du secteur marocain D'après les données de la Commission européenne, les exportations marocaines de roues en aluminium ont connu une forte expansion entre 2020 et 2023, leur part de marché progressant de 2 % à 9 %. Les prix pratiqués par les fabricants du Royaume seraient inférieurs de 16 % à ceux de leurs homologues européens, un différentiel que Bruxelles estime préjudiciable à l'industrie communautaire. Ces nouveaux droits compensateurs viennent s'ajouter aux taxes antidumping instaurées depuis le 12 janvier 2023, oscillant entre 9 % et 17,5 %. Ainsi, certains producteurs marocains pourraient voir leur taxation cumulée dépasser 40 %, rendant leur accès au marché européen particulièrement ardu. Entrave au partenariat bilatéral Lors d'un point de presse à l'issue du Conseil de gouvernement, le porte-parole de l'exécutif, Mustapha Baitas, a exprimé la réprobation du Maroc face à ces mesures, dénonçant une approche qu'il juge contraire à «la logique d'un partenariat global et équilibré» entre Rabat et Bruxelles. Le ministère de l'industrie et du commerce a, pour sa part, assuré qu'il «mobilisera tous les leviers nécessaires afin de préserver les intérêts des entreprises et des investisseurs ayant fait le choix du Maroc comme base de production et d'exportation.» Des répercussions sur les investissements Ces restrictions tarifaires ont d'ores et déjà conduit Dika Morocco Africa à revoir ses projets d'expansion sur le territoire national. L'industriel a annulé la construction d'une quatrième usine à Kénitra, préférant recentrer ses investissements vers le Portugal, a fait savoir le ministère. Un analyste économique spécialisé dans les relations commerciales estime que cette décision ne traduit pas une volonté délibérée de Bruxelles de pénaliser le Maroc, mais qu'elle s'insère dans une trajectoire plus large de régulation des chaînes d'approvisionnement où l'empreinte chinoise est de plus en plus prégnante. Avec un réseau d'accords de libre-échange couvrant la Turquie, l'Egypte, la Jordanie, les Etats-Unis et plusieurs pays arabes et africains, le Maroc se positionne comme un acteur clé de la production industrielle, mais les réserves européennes se concentrent notamment sur l'accroissement des investissements chinois dans le secteur automobile.