Alors que la Tunisie traverse une crise économique aggravée par un déficit commercial historique de 3 517,9 millions de dinars au cours des deux premiers mois de 2025, un soutien inattendu émerge du Maroc. Malgré des relations diplomatiques tendues entre Tunis et Rabat, le royaume chérifien se révèle être l'un des rares partenaires à offrir un excédent commercial à la Tunisie (+143,6 MD), à rebours de l'Algérie voisine, qui contribue au creusement du déficit avec un solde négatif de 583,9 MD. Un paradoxe qui illustre l'isolement croissant de Tunis dans son environnement maghrébin. La Tunisie enregistre un déficit commercial abyssal de 3 517,9 millions de dinars (MD) au cours des deux premiers mois de 2025, soit une hausse vertigineuse de 97,64 % par rapport à la même période de 2024 (-1 779,9 MD), selon les données de l'Institut national de la statistique (INS) consultées par Barlamane.com. Les échanges extérieurs ont atteint 10 169,2 MD à l'export et 13 687,1 MD à l'import. Le taux de couverture des importations par les exportations s'est ainsi effondré à 74,3 %, contre 85,7 % l'année précédente. Hors énergie, le déficit se réduit à 1 672,4 MD, tandis que la balance énergétique s'aggrave légèrement à -1 845,4 MD, contre -1 822,6 MD en 2024. L'ombre de Pékin, le soutien discret de Rabat L'aggravation du déficit découle principalement des échanges déficitaires avec certains partenaires, en tête la Chine (-2 077,8 MD) et la Russie (-1 092,3 MD), suivies de l'Algérie (-583,9 MD), de la Turquie (-483,7 MD), de la Grèce (-273,7 MD) et de l'Inde (-193,2 MD). À rebours de cette spirale négative, la Tunisie enregistre un excédent commercial avec quelques rares partenaires, notamment la France (+712,6 MD), l'Italie (+511,7 MD), l'Allemagne (+475,7 MD), la Libye (+395,2 MD), et... le Maroc (+143,6 MD). Alors que les relations diplomatiques sont souvent houleuses entre Tunis et Rabat, surtout depuis 2022, la performance marocaine apparaît comme une bouffée d'oxygène pour la balance tunisienne. Les exportations tunisiennes vers le royaume chérifien ont bondi de 40,6 %, tandis que les importations marocaines restent modérées, contribuant à cet excédent rare et précieux. Un commerce extérieur fragilisé La chute globale des exportations tunisiennes (-44 %) s'explique par la dégringolade des ventes de produits énergétiques (-5,1 %), notamment les produits raffinés (59 MD contre 345,9 MD), et par la baisse des exportations agroalimentaires (-16,5 %), affectées par la diminution des ventes d'huile d'olive (1 007,6 MD contre 1 323,9 MD). Les secteurs des industries mécaniques et électriques (-5 %) et du textile et cuir (-0,6 %) sont également à la peine, à l'exception du secteur minier et phosphatier, qui affiche une progression de 9 %. En parallèle, les importations grimpent de 10,2 %, portées par les biens d'équipement (+12,5 %), les matières premières et produits semi-finis (+11,9 %), les biens de consommation (+14,3 %) et les produits alimentaires (+10,6 %). Seule l'énergie échappe à cette envolée, avec une stagnation à -0,02 %. L'Europe vacille, la Chine s'impose Les exportations tunisiennes vers l'Union européenne, qui concentrent 69,7 % du total, ont reculé de 6,9 %, pénalisées par la baisse des ventes vers la France (-7,9 %), l'Italie (-3 %) et l'Espagne (-43,9 %). En revanche, l'Allemagne (+10,7 %) et les Pays-Bas (+34 %) affichent une dynamique positive. Les échanges avec le monde arabe sont en forte progression, notamment avec la Libye (+51,6 %), le Maroc (+40,6 %), l'Algérie (+11,8 %) et l'Egypte (+149,1 %). Les importations, quant à elles, augmentent faiblement depuis l'Union européenne (+1,6 %), mais explosent en provenance de la Chine (+70,9 %), de la Russie (+5,1 %), de l'Inde (+6,2 %) et de la Turquie (+15,6 %). Dans un paysage commercial morose où l'Europe vacille et où Pékin s'impose comme le principal créancier de Tunis, le Maroc apparaît comme un partenaire stratégique économique central, offrant à la Tunisie un rare point d'équilibre dans une balance commerciale en pleine dérive. Une leçon à retenir pour le régime de Tunis.