Le Conseil de la concurrence prépare, actuellement, une enquête approfondie sur les mécanismes de fixation des prix de la sardine vendue aux industriels «après la détection d'éventuelles irrégularités dans la chaîne de distribution.» Cette démarche tend à déterminer «si les règles du libre jeu du marché sont respectées ou si des pratiques anticoncurrentielles faussent l'équilibre du secteur.» «Nous avons constaté des signaux laissant supposer une asymétrie dans l'accès aux approvisionnements et une possible intermédiation abusive, pouvant générer une distorsion artificielle des prix», avait déclaré à la presse Ahmed Rahhou, président de l'institution. L'enquête s'attache à analyser les conditions de mise en marché du poisson en scrutant les interactions entre pêcheurs, mareyeurs, grossistes et industriels de la conserverie. Au cœur des investigations : la concentration du marché et la structuration des circuits de vente. Le Conseil cherche à établir si certains opérateurs disposent d'un pouvoir de marché excessif leur permettant d'influer sur les prix au détriment de la concurrence. «L'une des hypothèses à examiner est la présence de pratiques restrictives telles que des ententes verticales entre fournisseurs et acheteurs ou des abus de position dominante», a précisé M. Rahhou, soulignant que la transparence des transactions et la fluidité des échanges sont essentielles pour éviter tout effet de verrouillage du marché. L'enquête, selon nos sources, «repose sur la collecte et l'analyse de données économiques détaillées : évolution des prix de vente, marges appliquées à chaque niveau de la chaîne d'approvisionnement, modalités d'attribution des quotas de pêche et rôle des intermédiaires dans la fixation des tarifs.» Les enquêteurs du conseil procèdent également à des auditions d'acteurs clés et à l'examen des contrats commerciaux conclus entre les différents maillons du secteur. Ahmed Rahhou a tenu à préciser que cette procédure, encore couverte par le secret de l'instruction, aboutira à des conclusions officielles dans les semaines à venir. Si des infractions aux règles de la concurrence sont établies, des sanctions pourraient être envisagées, allant de lourdes amendes à des injonctions correctives pour rétablir l'équilibre du marché. «Notre rôle n'est pas de contrôler les prix, mais d'assurer que ces derniers résultent d'une concurrence saine et non d'une défaillance structurelle», a-t-il rappelé, insistant sur l'importance d'un marché fluide et compétitif pour préserver les intérêts des consommateurs et des acteurs économiques respectueux des règles. Ce dossier s'inscrit dans un contexte plus large de tensions inflationnistes sur les produits alimentaires où la question de la régulation des circuits de distribution et de la lutte contre la spéculation est devenue un enjeu majeur pour les autorités, surtout après l'affaire du poissonnier de Marrakech, qui a relancé le débat sur les pratiques de vente actuelles.