Après près de trois ans de tensions diplomatiques, l'Algérie a cédé. La crise avec l'Espagne avait éclaté lorsque Madrid avait abandonné sa position négative de neutralité concernant le conflit du Sahara en s'alignant sur la position marocaine. Cette décision avait provoqué l'ire de l'Algérie, alliée du Front Polisario, entraînant le rappel de son ambassadeur à Madrid et la suspension du traité d'amitié et de bon voisinage signé en 2002. Les échanges commerciaux entre les deux pays avaient également été affectés, bien que les importations de gaz et de pétrole algériens vers l'Espagne n'aient pas été interrompues. Cela dit, Madrid a considérablement diminué ses approvisionnements énergétiques en provenance de l'Algérie. Le président du régime, Abdelmadjid Tebboune, a récemment qualifié l'Espagne de "pays ami" dans un message de félicitations adressé à l'écrivain algérien Yasmina Khadra pour l'obtention du prix Casa Mediterráneo. Parallèlement, le ministre espagnol des affaires étrangères, José Manuel Albares, a rencontré son homologue algérien, Ahmed Attaf, en marge du sommet ministériel du G20 à Johannesbourg, en Afrique du Sud. Un autre signe notable de la déconvenue d'Alger est la visite officielle du ministre algérien de l'intérieur, Brahim Merad, à Madrid. Lors de cette visite, Merad rencontrera son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska, pour discuter de sujets clés tels que la coopération en matière de sécurité et la gestion de l'immigration irrégulière. Ce déplacement est particulièrement attendu, car la détérioration des relations entre les deux pays avait entravé la coopération dans la lutte contre l'immigration clandestine. Les départs depuis les côtes algériennes ont augmenté de manière significative après la crise de 2022 et les autorités du pays avaient suspendu les rapatriements de leurs ressortissants, une situation qui perdure à ce jour. De plus, une recrudescence des arrivées depuis les côtes algériennes a été observée ces derniers mois, notamment dans les îles Baléares, où près de 6 000 entrées irrégulières ont été enregistrées en 2024, soit une augmentation de 200 % par rapport à l'année précédente. Les priorités de la réunion entre Merad et Grande-Marlaska incluront la reprise des expulsions de citoyens algériens, la normalisation des relations entre les forces de sécurité des deux pays, le contrôle accru des points de départ des migrants et la planification d'une visite des autorités espagnoles en Algérie pour renforcer la coopération bilatérale. Ces pourparlers interviennent dans un contexte où les relations entre l'Algérie et la France se sont détériorées. En juillet 2024, l'Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris après que le président français, Emmanuel Macron, a reconnu le plan marocain d'autonomie comme la "seule base" pour une solution politique au conflit du Sahara.