L'Union marocaine du travail (UMT), doyenne des centrales syndicales du pays inaugure, vendredi 21 février, son 13e congrès national coïncidant avec la célébration de son 70e anniversaire. Ce rendez-vous, s'ouvre dans un climat de crispation palpable entre la centrale syndicale et l'exécutif, lié à plusieurs dossiers sociaux délicats. Fait inédit, l'UMT a décidé de ne pas convier le chef du gouvernement Aziz Akhannouch ni aucun membre de son cabinet à la séance inaugurale, rompant ainsi avec une tradition bien établie. Selon des sources concordantes, aucune invitation n'a, non plus, été adressée aux secrétaires généraux des partis de la majorité, signe supplémentaire de la dégradation des relations entre la centrale syndicale et le pouvoir exécutif. En cause, notamment, l'adoption récente de la loi sur le droit de grève, perçue par l'UMT comme une atteinte aux droits syndicaux et une remise en cause des acquis des travailleurs. Sans surprise, l'actuel secrétaire général (depuis 2010), Miloudi Moukharik (75 ans), devrait être reconduit pour un quatrième mandat consécutif à la tête de la centrale. Son mandat, marqué par des rapports en dents de scie avec les gouvernements successifs, a été récemment critiqué pour une supposée proximité avec le Aziz Akhannouch, bien que les tensions actuelles semblent nuancer cette lecture. Ce congrès sera également l'occasion d'élire les instances dirigeantes de l'UMT pour les prochaines années, notamment le comité administratif national, le bureau national et le secrétariat général. L'UMT assure que l'ouverture du congrès verra la participation de nombreux invités issus du monde politique, économique et associatif ainsi que des délégations syndicales internationales. Parmi elles, une importante représentation de l'Union générale des travailleurs palestiniens (UGTP) conduite par son secrétaire général mais aussi des dirigeants de la Confédération syndicale internationale (CSI, première organisation internationale syndicale en termes d'organisations affiliées et d'adhérents). Loin de se limiter à un simple exercice statutaire, ce congrès revêt une importance stratégique pour l'UMT, à l'heure où le dialogue social avec le gouvernement semble dans l'impasse et où le syndicalisme marocain, dans son ensemble, s'interroge sur son rôle et son avenir dans un contexte économique et social en pleine mutation marqué par une réduction des libertés publiques.