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Le Maroc prévoit une émission obligataire en monnaie européenne, une première depuis deux ans : «Nous avons aujourd'hui un besoin accru d'euros plutôt que de dollars», note Nadia Fettah Alaoui
Rabat s'apprête à solliciter les marchés internationaux pour la première fois depuis 2023, avec une émission obligataire libellée en euros destinée à financer de grands projets d'infrastructure, en prévision de la Coupe du monde de football 2030, rapporte Bloomberg. La ministre de l'économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, a annoncé, en marge d'une conférence à Al-U'la, en Arabie saoudite, que cette levée de fonds se ferait probablement en monnaie européenne. Il s'agirait de la première émission souveraine en euros depuis 2020, après un recours au dollar il y a deux ans. «Nous avons aujourd'hui un besoin accru d'euros plutôt que de dollars», a précisé la ministre, ajoutant que le Maroc se tient prêt à lancer cette opération dès que la volatilité des marchés, exacerbée en janvier, se sera estompée. Les obligations marocaines libellées en euros et arrivant à échéance en mars 2026 ont vu leur rendement reculer d'un point de pourcentage depuis le début de l'année, pour s'établir à 3,03 % mercredi. Un financement stratégique pour la Coupe du monde L'Union européenne étant le principal partenaire commercial du royaume, les investisseurs européens sont appelés à jouer un rôle clé dans le financement des infrastructures liées à l'organisation conjointe du Mondial avec l'Espagne et le Portugal. Le programme d'investissement comprend notamment l'extension du réseau ferroviaire à grande vitesse, la mise à niveau de la flotte de Royal Air Maroc, la construction de deux ports en eau profonde ainsi que le développement d'une douzaine de stations de dessalement et de projets d'énergies renouvelables, dont l'hydrogène vert. Par ailleurs, le gouvernement doit mobiliser au moins deux milliards de dollars pour mener à bien la réforme du régime des retraites, prévue cette année. Le Parlement a fixé à six milliards de dollars le plafond des emprunts extérieurs pour l'exercice 2025. L'émission obligataire en préparation devrait en couvrir environ un tiers, le reste étant assuré par des financements bilatéraux et des institutions financières internationales. D'après les estimations de Bloomberg fondées sur des données officielles, les dépenses engagées d'ici 2035, incluant celles liées au séisme de 2023, devraient atteindre un minimum de 35 milliards de dollars. Selon un analyste cité par plate-forme spécialisée américaine, l'émission pourrait être conditionnée au renouvellement de la ligne de crédit flexible du Maroc auprès du Fonds monétaire international, une démarche qui contribuerait à réduire les coûts d'emprunt et à renforcer la résilience financière du pays face aux chocs extérieurs.