Dans un revirement notable, les autorités de Casablanca ont annoncé la suspension de l'interdiction frappant la circulation des poids lourds dans la métropole, à la suite d'une décision du wali de la région Casablanca-Settat Mohamed Mhidia. Cette mesure, qui s'était traduite par l'installation de panneaux de signalisation restrictifs, a été officiellement annulée, comme l'a indiqué la Fédération marocaine du transport routier aux ports (FMTRP) dans une communication adressée aux professionnels du secteur, lundi 17 février. Ce rétropédalage intervient dans un climat de vives tensions alors que plusieurs syndicats du transport routier menaçaient de paralyser le port de Casablanca. Ces derniers dénonçaient une disposition perçue comme arbitraire et inapplicable en l'absence d'infrastructures alternatives permettant de fluidifier la circulation des marchandises vers les zones industrielles et logistiques de la capitale économique. Hautes tensions En réponse à l'interdiction récente de circulation des poids lourds sur certains axes stratégiques de la métropole, plusieurs syndicats et associations professionnelles ont annoncé un mouvement de grève d'avertissement, prévu mercredi 19 février. À l'origine de cette fronde, la mise en place de panneaux interdisant l'accès des camions à l'autoroute urbaine ainsi qu'à certaines zones industrielles et plateformes logistiques. Une mesure jugée brutale et précipitée par le Syndicat national du transport routier de marchandises, affilié à l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), qui remet en cause une entrave majeure à l'exercice de leur activité sans qu'aucune alternative crédible n'ait été proposée. Dans le même temps, la municipalité de Casablanca s'apprête à mettre en œuvre une interdiction plus large afin de restreindre la présence des poids lourds dans l'ensemble des grandes artères de la ville. Ce dispositif, qui devait entrer en vigueur d'ici fin février, s'inscrit dans une stratégie destinée à fluidifier le trafic dans une capitale économique asphyxiée par la congestion routière. Selon Ahmed Afilal, vice-président du Conseil communal de Casablanca, cette interdiction repose sur une infrastructure clé : un nouvel axe dédié aux camions reliant le port de Casablanca à l'autoroute en contournant le centre-ville par le quartier d'Aïn Sebaâ. Initialement retardée par des contraintes foncières, cette voie, dont le coût s'élève à près d'un milliard de dirhams, est désormais partiellement opérationnelle, en attendant son achèvement complet. Au-delà de cette route de contournement, les autorités projettent d'instaurer des plates-formes logistiques en périphérie où les cargaisons des poids lourds seraient transférées sur des véhicules de gabarit intermédiaire, autorisés à circuler en ville en dehors des heures de pointe. Si les autorités parlent d'une avancée nécessaire pour alléger la pression sur le réseau urbain, les professionnels du transport alertent sur les répercussions potentielles de ces nouvelles contraintes. Sans solutions adaptées, préviennent-ils, la chaîne logistique risque de se gripper au détriment de l'économie locale et nationale.