Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Marché du dessalement : Ahmed Rahhou élude la question de l'attribution remportée par une entreprise d'Aziz Akhannouch et défend le bilan du Conseil de la concurrence
La récente adjudication d'un marché stratégique de dessalement de l'eau de mer à une entreprise appartenant à Aziz Akhannouch est le sujet que tout le monde évite. Interpellé sur d'éventuelles considérations concurrentielles entourant cette transaction, M. Rahhou s'est gardé de tout commentaire. Cette posture a engendré des réactions mitigées, certains y voyant une stricte application des principes de séparation des pouvoirs tandis que d'autres y ont décelé une esquive face à un sujet politiquement sensible. Le chef de l'exécutif, qui dirige parallèlement un conglomérat influent opérant dans plusieurs secteurs névralgiques de l'économie marocaine, se trouve régulièrement sous le feu des critiques en raison d'un potentiel conflit d'intérêts entre ses fonctions gouvernementales et ses intérêts privés. Face aux interrogations persistantes sur l'attribution d'un marché stratégique de dessalement de l'eau de mer à une entreprise appartenant à Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain et puissant acteur du secteur privé, Ahmed Rahhou, président du Conseil de la concurrence, a soigneusement évité de s'aventurer sur ce terrain, jeudi 13 février lors d'une rencontre publique, rappelant les barrières institutionnelles de son action. «Le Conseil de la concurrence n'a pas pour mission d'examiner les marchés publics. Son rôle se limite à assurer le respect des principes de libre concurrence et à sanctionner les pratiques anticoncurrentielles lorsqu'elles sont avérées», a-t-il affirmé, écartant toute analyse sur d'éventuels conflits d'intérêts dans l'attribution de cette concession publique. Il a insisté sur le fait que les appels d'offres et leur régularité relevaient d'autres instances, notamment celles chargées du contrôle des marchés publics et de la transparence des procédures administratives. Cette prise de position, qui tranche avec la fermeté dont il se prévaut sur d'autres dossiers, intervient alors que la question des relations entre la sphère économique et le pouvoir politique reste un sujet sensible au Maroc, en particulier dans des secteurs stratégiques comme l'énergie et les ressources hydriques. Un bilan revendiqué sur le dossier des hydrocarbures Ecartant la polémique, Rahhou s'est longuement attardé sur l'action du Conseil de la concurrence dans le secteur pétrolier, un domaine où son institution a dû faire face à des accusations récurrentes de complaisance à l'égard des grands groupes. Le président du régulateur a tenu à réfuter ces critiques, défendant le travail d'enquête mené par son équipe et les sanctions infligées aux entreprises reconnues coupables d'ententes illicites. «Contrairement aux perceptions relayées par certains médias, le Conseil a fait preuve d'une rigueur exemplaire à l'égard des neuf compagnies pétrolières sanctionnées, leur imposant des amendes d'un montant total de 1,84 milliard de dirhams (environ 180 millions de dollars)», a-t-il déclaré. Cette sanction, qui constitue l'une des plus lourdes jamais infligées par l'institution, a été rendue possible à l'issue d'une enquête approfondie, durant laquelle des indices concordants de pratiques anticoncurrentielles ont été mis en lumière. Le Conseil a également imposé de nouvelles obligations de transparence aux distributeurs d'hydrocarbures, en leur demandant de fournir des rapports trimestriels détaillant les prix d'achat et de vente des carburants. Cette mesure, selon M. Rahhou, tend à «garantir une plus grande lisibilité des mécanismes de formation des prix et prévenir toute spéculation abusive.» Vers une ouverture accrue du marché des hydrocarbures Dans une tentative de rééquilibrer les orientations du marché, Rahhou a mis en avant la démarche de l'Etat consistant à accorder une vingtaine de nouvelles licences de distribution de carburants. «L'objectif est d'introduire une plus grande pluralité d'acteurs et de limiter la concentration du marché, qui favorisait jusqu'ici un quasi-oligopole dans le secteur», a-t-il souligné. Cette ouverture, selon les informations de Barlamane.com, demeure encore embryonnaire, les nouveaux entrants devant faire face à des barrières structurelles importantes, notamment en matière d'infrastructures logistiques et de circuits de distribution dominés par des opérateurs historiques. Une explication économique de la flambée des prix Concernant la hausse des prix des carburants, sujet hautement sensible dans un contexte de tensions sociales accrues, M. Rahhou a relativisé les responsabilités des acteurs locaux, pointant du doigt des facteurs exogènes. «Les fluctuations des cours du pétrole brut, la volatilité du marché international et les incertitudes géopolitiques dans les pays producteurs sont les principaux déterminants des prix actuels», a-t-il prétendu, ajoutant que la marge de manœuvre des autorités nationales restait limitée face à ces indices globaux. Toutefois, cette explication peine à convaincre les défenseurs du pouvoir d'achat, qui estiment que la libéralisation du marché des hydrocarbures en 2015 a favorisé une hausse incontrôlée des prix, en l'absence de mécanismes de régulation suffisamment contraignants. Certains experts plaident ainsi pour un retour à une forme de contrôle des marges bénéficiaires ou, à défaut, pour un large dispositif de subvention ciblée à destination des ménages les plus vulnérables.