Abdel-Ilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD, opposition) et ancien chef du gouvernement, a appelé Aziz Akhannouch à publier un communiqué officiel clarifiant la controverse autour de l'attribution d'un soutien public à son groupe économique dans le cadre du projet de dessalement d'eau de mer à Casablanca. Cette intervention, formulée samedi 18 janvier lors de la session ordinaire du Conseil national du PJD à Bouznika, évoque des soupçons de conflit d'intérêts au sommet de l'Etat. M. Benkiran a dénoncé une incohérence flagrante entre les déclarations d'Akhannouch au Parlement, le 16 décembre 2024, où ce dernier avait affirmé que sa société n'avait pas bénéficié de subventions publiques et un communiqué officiel de la Commission nationale des investissements, qui reconnaît pourtant l'octroi d'un soutien financier dépassant 2,17 milliards de dirhams en faveur de l'entreprise concernée. Le projet, dont le coût total est estimé à 6,5 milliards de dirhams, a été attribué à Akwa par le chef du gouvernement après un appel d'offres très contesté. M. Benkiran s'interroge sur la légitimité d'une procédure permettant à une société de proposer un prix avantageux puis de solliciter ultérieurement une aide publique auprès d'une commission présidée par le chef de l'exécutif lui-même. Dans une précédente déclaration devant les députés, Akhannouch avait défendu la transparence du processus, affirmant que le projet avait été proposé «au meilleur prix» dans le cadre d'un appel d'offres ouvert et qu'il n'existait aucune irrégularité. Idriss Azami Al Idrissi, président du conseil national du PJD et ancien ministre du budget (2012-2016) a, quant à lui, mis en évidence plusieurs éléments troublants relatifs à la gestion de cette affaire. Lors d'une conférence organisée par son parti, il a rappelé que le cahier des charges de cette opération énonçait explicitement que les offres financières et techniques des candidats ne devaient pas inclure de recours à un soutien public. M. Azami a également souligné que l'appel d'offres avait été piloté par l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), dont le conseil d'administration est présidé par le chef du gouvernement en vertu des dispositions légales en vigueur. Cette position duale, selon le PJD, nourrit des doutes légitimes sur la neutralité et l'intégrité du processus de décision. Ce projet stratégique, censé répondre aux besoins croissants en eau potable de la région de Casablanca, est depuis décembre au cœur d'une controverse majeure, alimentée par les interrogations sur la gouvernance, la transparence et l'équité dans l'utilisation des ressources publiques.