Abdel-ilah Benkiran, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD, opposition), a appelé jeudi 19 décembre «l'Etat» à cesser tout soutien au projet de station de dessalement d'eau de mer à Casablanca, attribué à une entreprise dirigée par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch. «Démissionnez M. Akhannouch. Partez, quittez vos fonctions, laissez le Maroc respirer durant les deux années qu'il reste à votre mandat», a clamé Benkiran devant une audience acquise à sa cause. Lors d'une conférence de presse tenue à Rabat et dédiée à la question des conflits d'intérêts, l'ancien chef de l'exécutif (2012-2017) a dénoncé une situation qu'il estime «incompréhensible» pour le citoyen ordinaire. «Il est très difficile pour un Marocain de saisir ce qui se passe», a-t-il déclaré. Critiquant le manque de clarté dans la gestion publique sous la majorité actuelle, Benkiran a ajouté : «L'Etat moderne est une structure complexe et cette complexité est parfois exploitée. Celui qui assume la charge suprême des affaires publiques, particulièrement lorsqu'il dirige le gouvernement, doit faire preuve d'une intégrité irréprochable, s'abstenir d'impliquer ses proches ou lui-même dans des affaires similaires. C'est ce que les lois encadrent avec rigueur.» Benkiran a souligné que cette controverse autour des conflits d'intérêts est inédite sous ce gouvernement, bien qu'Akhannouch ne soit pas le premier chef d'entreprise à occuper la primature. «Idriss Jettou et Karim Lamrani, eux aussi hommes d'affaires, ont été Premiers ministres, et jamais un tel sujet n'a été soulevé durant leurs mandats», a-t-il rappelé. Revenant sur son parcours politique, il a confié : «Je suis dans la politique depuis 1961, à la mort du roi Mohammed V. J'avais sept ans et, depuis, la politique m'a toujours habité. Elle m'a épuisé, certes, mais ce n'est qu'à mon entrée au Parlement que j'ai commencé à comprendre beaucoup de choses. Devenu chef du gouvernement, d'autres vérités se sont imposées à moi. Cependant, il reste des zones d'ombre que je ne m'explique toujours pas», s'est-il confié.