Le groupe Akwa, dirigé par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, continue d'étendre sa position dominante sur les secteurs stratégiques du Maroc. Afriquia SMDC-Afriquia Gaz, sa filiale phare, a récemment remporté un contrat d'une valeur de 2,4 milliards de dirhams (MAD), portant sur la fourniture et la livraison de fioul standard et spécial aux différents sites de l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE). Ce contrat, attribué à la suite d'un appel d'offres lancé le 5 décembre, a fait l'objet de critiques intenses, non seulement en raison de son montant considérable mais aussi des enjeux politiques et économiques qu'il soulève. Le contrat a été attribué à Afriquia Gaz après qu'elle a devancé son unique concurrent, Atlas Sahara, filiale de Derhem Holding. Ce dernier, malgré une offre de 3,97 milliards de dirhams, n'a pas réussi à remporter la procédure de mise en concurrence. Cette marché, passé quasi inaperçu, ne manque pas de raviver les critiques à l'égard de l'omniprésence des entreprises liées à Aziz Akhannouch dans les marchés publics. L'attribution récente de ce contrat survient après la polémique liée à un autre projet majeur accordé à ses sociétés, à savoir la réalisation de la station de dessalement de l'eau de mer de Casablanca. Ce projet, qui devrait devenir le plus grand de son genre en Afrique, est également mené en consortium avec l'entreprise espagnole Acciona, pour le compte de l'ONEE. La nature de ces contrats soulève des interrogations concernant la séparation entre les intérêts publics et privés et alimente les critiques des opposants politiques, notamment du Parti de la justice et du développement (PJD) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui dénoncent une concentration excessive des marchés publics entre les mains d'un même groupe. Derrière ces remises en cause, se profile une question plus large sur la transparence des procédures d'attribution des marchés publics et la régulation du secteur privé au Maroc. Si le gouvernement d'Aziz Akhannouch affirme que ces projets sont essentiels pour le développement économique et l'infrastructure du pays, l'opposition, elle, voit dans ces contrats une gestion opacifiée, où les liens personnels et politiques semblent jouer un rôle déterminant dans la répartition des marchés publics. En dépit des accusations de favoritisme, le groupe Akwa et ses filiales continuent d'accumuler de gigantesques contrats dans des secteurs stratégiques, renforçant leur poids économique et politique. L'enjeu est lourd : Aziz Akhannouch entache la crédibilité des réformes qu'il défend. Le secteur énergétique, central pour le Maroc, semble se transformer en un terrain de bataille pour des préoccupations qui dépassent les simples questions de gestion des ressources naturelles et des contrats publics.