«Vos accusations constituent une atteinte à l'intégrité des institutions de l'Etat», avait accusé ses détracteurs parmi les rangs de l'opposition, notamment le PJD. Lors d'une séance parlementaire houleuse, lundi 16 décembre, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a répondu aux critiques virulentes de l'opposition concernant l'attribution d'un contrat public pour la construction d'une station de dessalement d'eau de mer à Casablanca, remporté par un consortium incluant l'une de ses entreprises. Il a défendu avec fermeté la transparence et la légalité du processus, soulignant que l'appel d'offres avait été «totalement ouvert et équitable.» «Vos accusations constituent une atteinte à l'intégrité des institutions de l'Etat», avait accusé ses détracteurs politiques. La station, qui sera la plus grande d'Afrique avec une capacité initiale de 548 000 m3 par jour, extensible à 822 000 m3, est portée par un partenariat public-privé entre l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et un consortium composé d'Afriquia Gaz, Acciona, et Green of Africa. Le projet, évalué à 6,6 milliards de dirhams, inclut la conception, le financement, la réalisation et l'exploitation de l'installation sur 30 ans, dont trois années pour la construction et 27 années pour l'exploitation. Un projet stratégique sans financement public Aziz Akhannouch a insisté sur le caractère stratégique de cette infrastructure, qu'il a qualifiée de «vitale» pour la sécurité hydrique du pays. «Ce projet ne bénéficiera d'aucune aide financière de l'Etat», a-t-il martelé, précisant qu'il a été validé par la commission interministérielle des investissements, qu'il préside, et qui lui a attribué le label "stratégique". Répondant aux accusations de conflit d'intérêts, il a tenu à préciser que «la meilleure offre a gagné, et le prix du litre d'eau dessalée sera parmi les moins chers au monde.» Selon lui, les doutes exprimés par certains députés relèvent d'une volonté de politiser un projet essentiel pour l'avenir du pays. Débats animés et critiques de l'opposition La séance a été marquée par des échanges tendus entre Aziz Akhannouch et les députés de l'opposition, notamment ceux du PJD, qui ont critiqué un manque de justice territoriale et des priorités mal définies. L'opposition a également pointé du doigt des problématiques sociales, telles que le chômage, la faiblesse des infrastructures en milieu rural et les lacunes en matière de santé. Dans un effort pour défendre son action, Aziz Akhannouch a dressé un bilan des infrastructures réalisées au cours des 25 dernières années, annonçant 120 milliards de dirhams d'investissements pour les trois prochaines années. Parmi les projets phares, il a évoqué l'entrée en service prochaine du port de Nador et l'extension de la capacité nationale de dessalement pour atteindre 1,9 milliard de mètres cubes par an d'ici 2030. Malgré ces annonces, l'opposition persiste à critiquer un bilan jugé insuffisant face aux défis socioéconomiques du pays. Aziz Akhannouch, de son côté, a appelé à dépasser les clivages politiques pour concentrer les efforts sur le développement et la durabilité des infrastructures hydriques et énergétiques du Maroc.