Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
L'attribution du projet de station de dessalement à Casablanca «est entachée d'irrégularités», accuse le PJD qui multiplie les pressions contre Aziz Akhannouch
Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD, a souligné que le cahier des charges interdit explicitement toute situation de conflit d'intérêts. Or, selon lui, plusieurs éléments mettent en lumière un favoritisme criant, parmi lesquels le fait que le chef du gouvernement lui-même a présidé la commission qui a examiné les accords relatifs au projet de la station de dessalement. Lors d'une conférence de presse tenue jeudi 19 décembre à Rabat, l'état-major du Parti de la justice et du développement (PJD) a dévoilé ce qu'il qualifie de "nouvelles révélations" concernant l'attribution du contrat de dessalement de l'eau de mer à Casablanca, remporté par une société appartenant au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch Un dossier entaché d'irrégularités Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD, a affirmé que la société en question ne répond pas aux critères fixés par le cahier des charges. Parmi ces exigences figuraient la réalisation de deux usines de dessalement au cours des quinze dernières années et l'exécution d'au moins deux projets similaires sur cette même période. De surcroît, la société aurait dû démontrer qu'elle avait exploité, pendant trois années consécutives, une station de dessalement avec une capacité dépassant les 200 000 mètres cubes par jour. Selon M. Bouanou, ces conditions essentielles ne sont pas réunies par le groupe de Aziz Akhannouch. Il s'agit, pour lui, d'une preuve supplémentaire «que ce contrat a été attribué en dépit des règles établies.» Un conflit d'intérêts manifeste M. Bouanou a également insisté sur l'existence d'un conflit d'intérêts flagrant dans cette affaire, en contradiction directe avec le cahier des charges qui interdit explicitement toute situation de ce type. Il a notamment mis en lumière le fait que "Afriquia Gaz" et sa filiale "Green Africa", toutes deux liées au chef du gouvernement, figurent parmi les entreprises ayant remporté le contrat. Par ailleurs, une ministre en poste, également membre du bureau politique du parti majoritaire, aurait supervisé la commission de dialogue compétitif qui a validé la présélection des entreprises candidates. Enfin, le chef du gouvernement lui-même aurait présidé la commission qui a examiné des accords relatifs au projet de la station de dessalement. Pour M. Bouanou, ces éléments «illustrent clairement un favoritisme systémique au plus haut niveau de l'Etat.» Des justifications jugées insuffisantes Lors de la session parlementaire de lundi, Aziz Akhannouch a reconnu être directement lié au marché controversé tout en défendant la transparence de la procédure. Il a également mis en avant le fait que l'offre retenue «était financièrement avantageuse et conforme aux règles en vigueur.» Ces justifications sont toutefois jugées insuffisantes par le PJD. Pour M. Bouanou, cette reconnaissance, loin de clarifier la situation, alourdit encore les soupçons entourant cette affaire. «Non seulement cette déclaration affirme des pratiques discutables mais elle soulève également des questions sur l'indépendance des institutions impliquées dans cette procédure», a-t-il déclaré. Le PJD exige une enquête approfondie Face à ces révélations, le PJD a appelé à l'ouverture d'une enquête indépendante pour faire la lumière sur ce qu'il considère «comme un scandale de favoritisme au sommet de l'Etat.» M. Bouanou a également alerté sur les conséquences graves de telles pratiques : «Il est inadmissible qu'une entreprise liée au chef du gouvernement bénéficie d'un traitement de faveur au mépris des règles de la concurrence loyale.» Cette affaire, a prétendu M. Bouanou, illustre «une dérive inquiétante dans la gestion des marchés publics au Maroc» et menace à terme «la crédibilité des institutions et la confiance des citoyens dans les processus décisionnels de l'Etat.»