Les patients souffrant de maladies cardiovasculaires, d'affections coronariennes ou de cancers endurent, depuis plusieurs semaines, une pénurie «dramatique» de nombreux médicaments essentiels, a appris Barlamane.com de sources médicales. Cette carence médicamenteuse, qui affecte particulièrement les médicaments fabriqués localement, résulte en partie d'une gestion déficiente des stocks et d'une incapacité à anticiper les besoins de la population. Le nouveau ministre Amine Tahraoui a été invité à accélérer l'octroi des autorisations permettant l'importation de médicaments génériques, particulièrement en cas de rupture prolongée des produits de fabrication nationale. Par ailleurs, aucune réponse n'a été apportée pour expliquer cette pénurie ni pour identifier les véritables responsabilités derrière cette crise qui concerne «les patients atteints de cancers, de maladies cardiovasculaires ou d'autres pathologies invalidantes [et qui] sont contraints de faire face à des dépenses exorbitantes pour obtenir leurs traitements à l'étranger», indiquent nos sources. Cette réalité «creuse encore plus les inégalités rendant l'accès aux soins presque impossible pour les foyers aux revenus modestes, particulièrement dans les régions rurales et marginalisées», a-t-on indiqué. Face à cette situation, «les autorités gouvernementales doivent impérativement renforcer les mesures visant à garantir un approvisionnement régulier et équitable de tous les médicaments à travers une meilleure coordination avec les fabricants, une révision des processus d'importation et un soutien accru aux infrastructures pharmaceutiques nationales», avait indiqué l'USFP lors d'une récente intervention parlementaire. Prix indécents En mars 2024, environ 1 200 médicaments, soit 19,3 % des 6 211 références disponibles, manquaient sur les étagères des pharmacies, selon un rapport officiel. «Le Maroc est le pays où les prix des médicaments sont les plus élevés en Afrique du Nord», a déplore, pour sa part, l'opposition socialiste, indiquant que «le citoyen marocain souffre aujourd'hui car il ne peut pas accéder à des médicaments à des prix abordables.» Il a été également signalé que l'Agence nationale de l'assurance maladie a annoncé une pénurie de 141 médicaments figurant sur la liste des médicaments remboursables. «Nous sommes ainsi passés de 4 851 à 4 583 médicaments disponible», précise la même source. Un rapport officiel a aussi relevé que la marge bénéficiaire des pharmaciens au Maroc pour les médicaments dont le prix départ usine est égal ou inférieur à 166 dirhams hors taxes a atteint 57 %. À titre de comparaison, cette marge est bien plus faible dans des pays avancés disposant d'un pouvoir d'achat plus élevé : 6,42 % en Belgique, 21,4 % en France et seulement 5,58 % au Portugal. Cette situation «résulte en grande partie du monopole exercé par certains acteurs du secteur pharmaceutique au Maroc, lesquels contribuent à maintenir les prix artificiellement élevés. Le manque de concurrence sur le marché, combiné à une réglementation insuffisante en matière de contrôle des marges commerciales, aggrave cette problématique», avait critiqué l'opposition socialiste. «Les fabricants ainsi que les distributeurs de médicaments bénéficient d'une position dominante qui leur permet d'imposer des prix souvent disproportionnés par rapport au revenu moyen des citoyens marocains. Cette concentration du marché limite également l'accès à des alternatives génériques qui pourraient significativement alléger les charges des patients», a-t-on dévoilé.