La cyberguerre est devenue une composante stratégique essentielle dans les relations internationales. Alors que les conflits armés traditionnels sont coûteux et risqués sur le plan politique et humain, les attaques informatiques offrent aux Etats et à des acteurs non-étatiques des moyens plus subtils, moins coûteux et souvent moins traçables pour nuire à leurs adversaires ou leurs ennemis. Les infrastructures vitales (réseaux électriques, systèmes bancaires, transports) et les informations sensibles (données de gouvernements, entreprises, citoyens) sont désormais vulnérables à des cyberattaques qui peuvent paralyser des économies entières. Les grandes puissances mondiales, telles que les Etats-Unis, la Chine et la Russie, ainsi qu'Israël, ont intégré la cyberstratégie à leur arsenal de défense et d'offensive. Ces pays investissent massivement dans la recherche et le développement de technologies de surveillance et d'attaque, ainsi que dans le renforcement de leur défense contre les cybermenaces. La cyberguerre a aussi émergé comme un outil de politique étrangère, permettant d'influencer indirectement d'autres nations en manipulant des systèmes, en volant des secrets ou en perturbant la vie économique et sociale. Techniques de déstabilisation Les fausses informations, ou fake news, sont devenues un puissant levier de déstabilisation. Elles sont diffusées via plusieurs canaux, notamment les réseaux sociaux, les blogs, les plateformes vidéo et les médias traditionnels, souvent dans des campagnes coordonnées visant à affecter la réputation et l'image d'un pays cible. Les techniques courantes de désinformation incluent la fabrication de récits falsifiés (vidéos montées ou images détournées), le recours aux « trolls » et bots qui diffusent en masse de fausses informations ; les campagnes de désinformation sur l'histoire, la politique ou la société d'un pays ; les cyberattaques suivies de «leaks» ou fuites médiatiques de données sensibles, qui sont ensuite divulguées ou falsifiées pour discréditer des gouvernements ou des personnalités. Ces techniques visent non seulement à dégrader l'image d'un pays, mais aussi à semer la division interne, à affaiblir la cohésion sociale ou à provoquer des troubles. Impact sur l'opinion publique Les fausses informations peuvent avoir un effet dévastateur sur l'opinion publique, en particulier lorsque les médias et les faiseurs d'opinion n'exercent pas leur rôle de filtre. En l'absence de vérification et de recoupement, les fake news peuvent être rapidement reprises et amplifiées, créant une perception biaisée de la réalité. Les sites électroniques d'information souffrent de la nécessité de réagir rapidement aux informations pour ne pas être devancés, ce qui peut les pousser à publier sans vérification approfondie. La polarisation des opinions favorisée par les réseaux sociaux renforce aussi cet effet : les gens cherchent des sources d'information qui confortent leurs préjugés, renforçant ainsi les fausses croyances et les distorsions de la réalité. Les faiseurs d'opinion, tels que les influenceurs, lorsqu'ils sont au service d'une cause ou d'un agenda politique ou idéologique, jouent un rôle crucial dans la propagation des fake news, diffusent sciemment de fausses informations dans un but de propagande, visant à déstabiliser un adversaire ou à détourner l'attention d'une crise interne. Leur influence sur l'opinion publique est d'autant plus forte que ces informations sont partagées en boucle par des milliers de suiveurs ou partisans. C'est le cas, par exemple, de quelques journalistes espagnols, tels que Ignacio Cembrero, Francisco Carrión et Sonia Moreno, pour ne citer que ceux-là, qui ont fait de la critique systématique du Maroc leur pain quotidien. Le Maroc est ciblé Le Maroc fait face à une désinformation massive, méthodique et planifiée. L'Algérie voisine est devenue une fabrique de fausses informations et d'articles diffamatoires dénigrant le Maroc, et qui sont quotidiennement conçus à une cadence d'usine par quelque officine militaro-sécuritaire dédiée. Face à l'ampleur et à la sophistication des campagnes de désinformation provenant du voisin de l'est, il est impératif de non seulement de renforcer les moyens de défense mais de passer à l'offensive. Il faut certes détecter les fausses nouvelles et les données mensongères sur la Toile, traquer les fausses informations pour, le cas échéant, les démentir, mais il faut également lancer des contre-offensives dès que les acteurs malveillants sont identifiés. Les exemples ci-après sont un échantillon représentatif des mensonges et de la désinformation qui, à force d'être martelés, se sont convertis en des vérités largement répandues et admises, au point d'être repris par des médias internationaux et même des sites officiels: * « Le Maroc contrôle 80 % du territoire du Sahara occidental, tandis que le polisario (ou la «rasd») contrôle les 20 % restants. » * «Le conflit oppose la «rasd» et le Maroc.» * «La population de la «rasd» s'élève à 567 000 (!) ; par ailleurs, il y a environ 170 000 réfugiés dans les camps de Tindouf (!) » * «Sahara occidental» ou «rasd», l'appellation change selon les circonstances, créant une confusion qui escamote la contradiction entre la revendication de l'autodétermination et l'existence d'une «république» autoproclamée. * « La question du Sahara est une question de décolonisation. » * « L'Algérie soutient le polisario au nom des droits des peuples à l'autodétermination et l'inviolabilité des frontières coloniales. Elle n'est pas partie prenante au différend. », etc. Il n'a été question ici que des questions de politique étrangère, et plus particulièrement du Sahara marocain. La même vigilance est de mise concernant les tentatives de falsification de l'histoire du Maroc et d'appropriation de son patrimoine immatériel.