Le Congrès national africain (ANC) a exprimé, mercredi, sa «préoccupation» après des propos attribués à Obed Bapela, vice-président de la sous-commission de l'ANC sur les relations internationales, qui auraient suggéré un appel à l'intensification des relations économiques avec le Maroc, alors que Pretoria soutient le Polisario. Dans un communiqué lapidaire, l'ANC a rappelé sa ce qu'il appelle «sa position de principe» de longue date, en faveur des séparatistes de Tindouf. Le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, a eu, le 7 octobre, un échange de haut niveau avec une délégation sud-africaine, dirigée par le vice-président du Comité des Relations Internationales du Congrès national africain (ANC), Obed Bapela. À l'issue de ces pourparlers, M. Bapela a exprimé, lors d'une déclaration à la presse, le souhait ardent de voir se renforcer les relations économiques et commerciales entre Rabat et Pretoria. Le responsable sud-africain, par ailleurs membre éminent du Comité exécutif de l'ANC, a chaleureusement encouragé les entreprises marocaines à investir en Afrique du Sud, emboîtant ainsi le pas aux nombreuses sociétés sud-africaines qui, selon ses dires, ont déjà établi une solide présence au Maroc. Sur le plan multilatéral, M. Bapela a salué avec enthousiasme le retour du Maroc au sein des instances continentales africaines, soulignant que ce cadre offrira une plate-forme propice pour une collaboration renforcée entre les deux nations, dans le but de relever les défis communs auxquels le continent est confronté. Dans un autre registre, le vice-président du Comité des Relations Internationales de l'ANC a tenu à rappeler le soutien indéfectible apporté par le Maroc à la lutte de l'Afrique du Sud pour son indépendance. Il a également évoqué que dès 1994, peu après l'accession de l'Afrique du Sud à la liberté, Nelson Mandela a choisi le Royaume comme l'une des premières destinations de sa tournée internationale, afin de témoigner de sa reconnaissance envers le peuple marocain pour sa contribution significative à la libération de l'Afrique du Sud, et pour explorer de nouvelles voies de renforcement des relations bilatérales. L'ANC en fureur La première secrétaire générale adjointe de l'ANC, Nomvula Mokonyane, a demandé des clarifications à Obed Bapela sur ces déclarations, qui semblent «en contradiction» avec la ligne historique du parti. En attendant ces explications, il a été ordonné au responsable de suspendre toute interaction non officielle avec le Maroc ou toute autre entité pouvant aller à l'encontre de la politique officielle de l'ANC. L'ANC a assuré qu'il continuerait de travailler avec ses alliés, notamment l'Algérie, en faveur du Front Polisario. En 2024, le Congrès national africain (ANC) a continué de faire face à des défis majeurs, liés à une série de scandales et de conflits internes qui ont affaibli sa position politique autrefois dominante. L'une des affaires marquantes concerne des irrégularités financières, incluant des transactions suspectes de plusieurs millions de dollars liées au parti via diverses canaux, notamment par des relations avec des personnalités controversées. Des documents ont révélé d'importants transferts d'argent vers des comptes associés à l'ANC, suscitant des inquiétudes quant à des cas de corruption et de mauvaise gestion financière. Par ailleurs, les dissensions internes de l'ANC se sont intensifiées, notamment avec le retour de l'ancien président Jacob Zuma, qui a critiqué publiquement le parti et son actuel leader, Cyril Ramaphosa. Bien que disqualifié de la course au Parlement en raison de condamnations antérieures, Zuma a relancé les tensions au sein du parti. L'ANC peine à conserver sa majorité parlementaire, et les élections à venir pourraient l'obliger à former un gouvernement de coalition. En plus des scandales financiers et des tensions internes, l'ANC fait face à une montée de la désillusion parmi ses membres et ses partisans en 2024. De nombreux citoyens sud-africains, qui avaient autrefois soutenu le parti en raison de son rôle historique dans la lutte contre l'apartheid, expriment désormais leur frustration face à l'incapacité du gouvernement à répondre aux besoins de la population, notamment en matière d'emploi, d'infrastructures et de réduction des inégalités. Parmi les autres controverses, des allégations de mauvaise gestion de fonds publics continuent de miner la crédibilité du parti. Par exemple, des enquêtes ont révélé des détournements de fonds destinés à des projets de développement local, entraînant les retards dans la livraison de ces projets et une absence de responsabilité des autorités locales. Ces révélations ont alimenté le mécontentement croissant au sein de la population, affectant la popularité de l'ANC. De plus, l'implication de certaines figures influentes de l'ANC dans des affaires de corruption, notamment autour de contrats publics, continue de ternir l'image du parti. L'ANC est maintenant confronté à un défi existentiel, la base électorale s'érodant rapidement en raison de promesses non tenues et d'une gouvernance perçue comme inefficace. Les divisions internes, particulièrement visibles entre les factions soutenant Jacob Zuma et celles fidèles à Cyril Ramaphosa, ajoutent encore à l'instabilité du parti. Cette fragmentation compromet non seulement la capacité de l'ANC à gouverner de manière cohérente, mais expose également les luttes de pouvoir qui enflamment la scène politique sud-africaine.