Des comités constitués pour coordonner, surveiller et mettre en œuvre des politiques substantielles dans des domaines spécifiques en souffrance, souvent dans le cadre de réformes ou de stratégies nationales, ne se sont jamais réunis depuis que Aziz Akhannouch est à la tête de l'exécutif. Quid de la cohérence et l'efficacité des actions de l'Etat, lequel est confronté à des défis majeurs ? Des comités cruciaux dans la gestion des réformes nationales et essentiels à l'élaboration des politiques publiques passés à la trappe. Durant le mi-mandat d'Aziz Akhannouch en tant que chef de l'exécutif, ces instances n'ont pas été convoquées ou ont été inactives, alors que les critiques concernant son action soulignent «son inefficacité, notamment en ce qui concerne les priorités socio-économiques.» Selon un sondage récent, 75 % des Marocains ont qualifié Akhannouch «de pire chef du gouvernement» au cours des 25 dernières années du règne du roi Mohammed VI. Parmi les comités qui n'ont tenu aucune réunion durant le mandat d'Aziz Akhannouch, on cite le comité national de suivi et d'accompagnement de la réforme du système éducatif, de la formation et de la recherche scientifique (malgré la polémique autour du statut des enseignants), le comité national de lutte contre la corruption; le comité ministériel chargé de la mise en œuvre de la charte de la décentralisation administrative; le comité ministériel de l'emploi; le comité chargé de la réforme des systèmes de retraite; le comité du secteur public; le comité national de simplification des démarches et des procédures administratives, le comité interministériel de la sécurité routière; le comité national de coordination des mesures de lutte contre la traite des êtres humains, etc. Un fait d'autant plus grave que Aziz Akhannouch peine à contourner les effets d'une flambée des prix et ceux d'une sécheresse persistante qui a fait bondir le chômage au Maroc à un niveau record. La diminution de la superficie cultivée à 2,4 millions d'hectares contre quatre millions d'hectares pour une saison normale suscite toutes les craintes. Le taux de chômage au Maroc est passé de 12,4 % à 13,1 % au deuxième trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023, a indiqué en mai le Haut commissariat au plan (HCP). Quelque 159.000 postes dans le secteur agricole ont été détruits sur cette période, portant le nombre total des personnes sans emploi à plus de 1,6 million dans le pays, qui compte 37 millions d'habitants, d'après la même source. Ces chiffres, alors que Aziz Akhannouch a désactivé les comités de l'emploi, confirment la tendance haussière du chômage enregistrée en 2023: le taux de 13 % est le plus élevé depuis 2000, selon le HCP. Par ailleurs, l'industrie recrute peu alors qu'elle est le nœud de l'économie, avec par exemple des exportations record d'environ 13,5 milliards d'euros en 2023 dans l'automobile. Aziz Akhannouch, qui a récemment annoncé la création de 140 000 emplois après la signature d'accords d'investissement dans différents secteurs – industrie, énergies renouvelables, télécoms, tourisme et santé – a failli à concrétiser sa promesse électorale de créer un million d'emplois en cinq ans (2021-2026).