À la suite des arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), rendus le 4 octobre sur les accords de pêche et agricole entre le Maroc et l'Union européenne (UE), plusieurs Etats membres de l'Union ont exprimé leur soutien à la poursuite du partenariat avec le Maroc, malgré la décision de la Cour. Sans remettre en cause cette décision, ces pays ont tenu à exprimer leur détermination à préserver leurs relations stratégiques avec Rabat. Tout en affirmant respecter les décisions de justice, des pays comme la France, l'Espagne ou le Portugal, ont souligné l'importance qu'ils accordent à un partenariat solide avec le Maroc. Ainsi, la France a réaffirmé «son attachement indéfectible à son partenariat d'exception avec le Maroc et sa détermination à en poursuivre l'approfondissement. La relation entre l'Union européenne et le Maroc revêt à ce titre un caractère stratégique, et la France continuera d'œuvrer avec ses partenaires européens au renforcement de leurs échanges, notamment économiques, et à la préservation des acquis du partenariat, dans le respect du droit international.» La France «reste notamment déterminée à accompagner les efforts du Maroc en faveur du développement économique et social du Sahara occidental, au bénéfice des populations locales.» Relation privilégiée Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares a réitéré son attachement au «partenariat stratégique» avec le Maroc et sa détermination à «préserver et promouvoir» la relation «privilégiée» entre l'UE et le Maroc. Le Portugal a affirmé le caractère «essentiel» du partenariat entre l'UE et le Maroc. « Le renforcement des relations avec le Maroc, tant au niveau bilatéral qu'européen, est une priorité stratégique pour le Portugal » est-il indiqué dans un communiqué officiel. L'UE a également réaffirmé son attachement au partenariat avec le Maroc dans une déclaration conjointe d'Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et de Josep Borrell, haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. L'Italie, pour sa part, a qualifié le partenariat avec le Maroc de «fondamental». D'autres pays de l'UE comme la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande, la Tchéquie et la Hongrie ont également défendu la relation importante avec le Maroc, un pays clé et un partenaire de premier plan pour l'UE. Seule l'Algérie Seule l'Algérie, pays non concerné, s'est félicitée de la décision de la CJUE. Le gouvernement algérien, isolé dans une solitude accablante, a salué ce qu'il considère un peu trop vite comme une «victoire». Dans la foulée, Alger a «regretté que certains pays européens... aient opposé une fin de non-recevoir aux Arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne.» L'Algérie s'érige en donneuse de leçons et s'auto octroie un statut qu'elle n'a pas en enjoignant à ces pays de se conformer «pleinement à l'esprit et à la lettre de ces arrêts.» Visite d'Emmanuel Macron Dans ce contexte, la visite du président français Emmanuel Macron au Maroc, prévue pour le 29 octobre, prend une importance particulière. Elle intervient à un moment où le Maroc «exige à ce que le Conseil, la Commission européenne et les Etats membres de l'UE, prennent les mesures nécessaires pour respecter leurs engagements internationaux, préserver les acquis du partenariat et apporter au Royaume la sécurité juridique à laquelle il a légitimement droit, en tant que partenaire de l'UE sur plusieurs enjeux stratégiques.» Le Maroc ayant en ce qui le concerne scrupuleusement respecté tous ses engagements, la balle est clairement dans le camp européen. Tout en soulignant qu'il «ne se considère aucunement concerné par la décision de la Cour de justice de l'Union européenne», le Maroc «réitère sa position constante de ne souscrire à aucun accord ou instrument juridique qui ne respecte pas son intégrité territoriale et son unité nationale.» À quelques semaines de la réunion annuelle du conseil de sécurité, la visite d'Emmanuel Macron sera scrutée de près pour savoir comment la France compte mettre en œuvre sa volonté d'«avancer» sur ce dossier et son engagement à «accompagner les efforts du Maroc en faveur du développement économique et social du Sahara occidental.»